L'histoire :
Kirk a déserté de 7e de Cavalerie, écœuré par les massacres. Il ne compte plus servir un gouvernement qui procède à l’extermination des Indiens, femmes et enfants inclus. Après s’être livré à la justice militaire, il échappe de peu au poteau d’exécution en échange d’une mission de reconnaissance à l’Ouest, sur des territoires que nuls n’a exploré. Solitaire par nature, il a fini par être entouré d’El Corto – un bandit contre qui il s’est battu mais qui s’est révélé être un brave sur le chemin de la repentance – par Doc Forbes, un médecin s’étant aventuré sur les territoires indiens qu’il n’a depuis plus quittés – et par Maha – un indien de la tribu Tchatooga qui est devenu son frère de sang. Ils se dirigent en direction du Missouri et voient des Sioux assiéger une embarcation menée par Dinard, un chasseur français qui transporte le Général Harper, sa fille et une princesse Senole, la belle Kani. Une nouvelle bataille sanglante s’engage, obligeant Kirk à aller chercher des renforts auprès d’une garnison. A son retour, l’équipage a disparu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième volume reprenant des épisodes parus d’août 1954 à juin 1955 délivre une trame scénaristique assez simple, qui a tout d’une course poursuite. Pour autant, ces 170 planches ne sont que rebondissements permanents, où Kirk et ses acolytes vont de territoires indiens en territoires indiens, livrant autant de batailles qu’ils croisent de tribus. D’un point de vu strictement historique, il ne faut pas y chercher d’exactitude, car le récit initial d’Hector Oesterheld se permet quelques fantaisies qui feront sourire les plus doctes lecteurs. A titre d’exemple, il n’est pas certain que les Indiens aient pu s’approprier des canons datant de l’ère des conquistadors espagnols ; pas plus que le découpage des territoires ne correspond strictement à ceux qui sont attribués à la pléthore de tribus ; ni même les relations qu’elles entretenaient telles qu’elles sont décrites dans les aventures de ce déserteur au grand cœur. Mais qu’importe. Pour le lecteur, pourvu qu’il concède à la réalité scientifique, c’est un nouveau régal. La galerie de personnages s’étoffe, avec un nouveau frère de sang pour Kirk. La présence de la gente féminine introduit un brin de romance qui exacerbe les rivalités masculines. Quant au dessin, Hugo Pratt y fait encore ses armes, en affinant son style, en maîtrisant les ombres et la composition, pour finir par livrer des espaces de toute beauté. Autant de caractéristiques qu’on retrouvera évidemment dans Corto Maltese.
