L'histoire :
Le périple de Verloc Nim et de ses compagnons sur Ona(ji) pour récupérer la mystérieuse substance Aâma les confronte à un environnement en perpétuelle évolution. Depuis que le Professeur Woland, une de ses créatrices, a en effet décidé de libérer cette incroyable « soup-techno », l’univers de la planète s’en est vu particulièrement modifié. Conrad, le frère de Verloc, espère que la totalité de la substance n’a pas été utilisée pour qu’il puisse en ramener une partie à son employeur. En attendant, il serait intéressant qu’il retrouve Woland et le Professeur Rajeev qui lui a emboîté le pas. Ces deux-là sont en effet les seuls à posséder des implants technologiques spéciaux leur permettant de contrôler le Aâma, une fois ce dernier libéré. Les retrouvailles avec Rajeev ont bien lieu. Mais dans de bien tristes circonstances : Rajeev est en pleine lutte avec une créature mi-animal, mi-robot. Il faudra d’ailleurs que Verloc intervienne – à la surprise de tous – avec beaucoup de présence d’esprit, pour que leur mission ne soit pas définitivement terminée. Myo y succombe pourtant, laissant les survivants de cette ahurissante attaque particulièrement affectés. La marche se poursuit néanmoins dans le sous-sol d’Ona(ji), laissant peu à peu un enchevêtrement dense de membranes gluantes rythmer le pas de nos amis. Rajeev en profite alors pour faire à Verloc quelques révélations. En particulier, il lui fournit une explication quant à la présence à ses cotés de cette petite fille qui ressemble tant à sa fille. Mais aussi, il lui indique qu’il n'a plus aucun contrôle surAâma. Et ce n’est là que le début des – mauvaises – surprises…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auréolée du prix de la série 2013 au FIBD d’Angoulême, cette palpitante aventure qui entrelace space-opéra et quête existentielle (doublée d’une judicieuse réflexion sur les limites du « tout techno ») reprend ses droits sur Ona(ji) pour un 3éme volet tout aussi captivant. Cette fameuse « soupe-techno » révolutionnaire (Aâma) capable de manipuler, transformer la matière en parfaite autonomie, pour donner vie à un nouvel écosystème en constante évolution, continue d’occuper le périple de Verloc et de ses compagnons. L'opus dénoue quelques mystères : la présence du sosie de la fille de Verloc sur Ona(ji), le rôle du singeoïde Churchill et l’origine de ses « nouvelles jambes », l’objectif réel de la mission de Conrad, des infos sur les commanditaires du projet… Néanmoins, il sera encore bien difficile de deviner ce qui se cache réellement derrière cet incroyable projet. Quels enjeux sont liés au Aâma ? Quel est le but recherché ? Bref, de quoi alimenter une suite prometteuse au regard d’une conclusion opérant la certitude du rôle prépondérant de Verloc – et très vraisemblablement de sa fille – à l’égard du Aâma… et de son retour sur la planète Radiant. En attendant, le récit s’interdit de faire dans la dentelle et se refuse toute compassion envers ses protagonistes. Chahutés, déboussolés, hallucinés, pour explorer le plus profond de leur Moi, meurtris ou assassinés… ils paieront chacun leur large part du tribut. Sans doute construit comme une fin de cycle, ce troisième opus met un terme au long flashback qui avait accompagné la totalité du récit. Désormais « rassasié », Verloc se souvient de tout et semble disposé à passer à l’action. La partie graphique conduit une nouvelle fois avec maestria cette exploration généreuse d’un univers unique. Un univers qui est à la fois le fruit d’un imaginaire en perpétuelle ébullition, le rejeton d’un voyage anxiogène à la Jules Verne et la manifestation d’une sensibilité incroyable, étoffée d’une véritable réflexion. Le dessin, impeccablement mis en couleur et cadré, se joue ainsi de toutes les conditions avec malice : biotope, mouvements, émotions, jubilent sous la palette de Frederik Peters, pour un plaisir total et partagé. Difficile donc de décrocher. On vous aura prévenu !