L'histoire :
Métis Tatoué, détenu à la maison d'arrêt d'Abidjan pour trafic de drogue international, sort délibérément de prison en compagnie de deux agents pénitentiaires. Il récupère 30 millions de francs CFA à la banque et, au lieu de retourner en prison, décide de se rendre à une fête dans une grande villa. Le lendemain, les deux agents pénitentiaires sont retrouvés morts dans la demeure dévastée. Le commissaire Marius Kouamé se rend sur place pour constater les dégâts. Le commissaire Kouamé se demande pourquoi ces deux agents sont loin de leur lieu de travail. Pourquoi ont-ils extrait de sa cellule le dénommé Métis Tatoué ? Face à cette affaire rocambolesque, le commissaire Kouamé se rend à la maison d'arrêt. Sur le chemin, son adjoint Arsène le met au parfum. Métis Tatoué est nigérian par son père et ivoirien par sa mère. Arsène lui rappelle que les organisations criminelles nigériennes sont très implantées en Côte d'Ivoire. Si bien structurées qu'elles constituent de véritables mafias intouchables. Les deux agents pénitentiaires étaient des ripoux qui assuraient eux-mêmes la sécurité de ce narco-trafiquant. En arrivant à la maison d'arrêt, le commissaire Kouamé commence à mener son enquête... Tiens, tiens, le régisseur de la prison part avec un carton sous le bras... Il vient d'être limogé par le faux juge qui a fait une fausse autorisation de sortie ! Après un interrogatoire musclé du commissaire Kouamé, le régisseur de la prison passe à table...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouvel album marque une véritable rupture avec le précédent, qui était bien plus léger. Ici, on plonge dans une ambiance sombre et tendue. Qu'on se le dise, Le commissaire Kouamé revient aux affaires par la grande porte. Dès la couverture, on retrouve Kouamé et son fidèle adjoint Arsène, assaillis par des silhouettes menaçantes, presque zombifiées. Cette scène donne le ton : l’histoire est plus sombre, plus brutale. L’intrigue, construite à tiroirs, débute sur un trafic de drogue pour s’étendre progressivement vers le trafic humain. Marguerite Aboué n’y va pas de main morte. Elle s’inspire de ses nombreux voyages en Côte d’Ivoire, où elle a observé la montée en puissance des réseaux criminels. Elle met en lumière les Wanchs, ces bidonvilles insalubres qui surgissent sous les ponts et à proximité des quartiers huppés. Double effet kiss cool. Le récit dénonce aussi un paradoxe cruel : de nombreux ivoiriens rêvent encore de quitter leur pays dans l’espoir d’une vie meilleure, un thème qui touche particulièrement l’autrice, engagée dans l’ouverture de bibliothèques pour encourager la jeunesse à croire à un avenir radieux, sur place. Pour la première fois, Kouamé s’expatrie : on le suit même jusqu’à Angoulême, poursuivant son enquête hors des frontières ivoiriennes. Le commissaire, d’habitude imperturbable, se révèle plus impulsif et n'y va pas de main morte pour obtenir des infos (il faut dire que sa nièce est victime de cette affaire). Arsène est moins faire-valoir. Son passé ressurgit avec force. Côté graphisme, Donatien Mary abandonne les couleurs pop et les influences wax du précédent tome pour un style plus sombre, plus rugueux. L’album se conclut sur un final haletant, un suspense redoutable qui laisse le lecteur en apnée.