L'histoire :
Un soir, Gabriel passe voir sa grand-mère chez elle. Il la retrouve par terre. Ses béquilles lui avaient joué un sale tour. Il n’essaie même pas de la soulever, vu son poids. Il va avoir besoin d’aide. Sa grand-mère refuse par dignité. Il lui rapproche un fauteuil. Francisca met 10 minutes à se relever toute seule. Elle demande à Gabriel de ne dire à personne ce qu’il s’est passé. Le lendemain, Gabriel déjeune avec sa grand-mère qui fait les meilleures frites du monde. Dans l’après-midi, les Dames-serpillières viennent passer la voir. Elles font partie d’une association religieuse. Deux fois par moi, elles rendent visite aux personnes démunies. Gabriel a honte pour sa grand-mère qui s’abaisse à ce point pour 1500 pesetas. Elle lui offre une nouvelle leçon de vie : « Elles croient en Dieu, je crois en Dieu. Mais leur Dieu et le mien ne sont pas les mêmes. Le leur a de l’argent ». Gabriel part voir ses copains. Sa grand-mère le rattrape par le col. Il a l’air d’un pouilleux, ça fait trois jours qu’il porte le même tee-shirt, sans parler de ses cheveux. Elle lui lave ses cheveux, lui donne un tee-shirt propre. « Si tu t’habilles comme un clochard, les gens te traiteront comme si tu en étais un. Tu dois avoir honte, non pas d’être pauvre, mais d’en avoir l’air… »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À l’image du précédent tome, Histoires du quartier T2 prend aux tripes. Les pérégrinations autobiographiques de Beltrán sont toujours aussi prenantes. De nouveaux personnages apparaissent en offrant de nouvelles expériences de vie au narrateur. Sa grand-mère lui apprend la dignité. Son amie Pamela éveille en lui des désirs. La nouvelle voisine suédoise réveille son goût pour la littérature. Ses potes El Tárraga, Sáez et El Pololo l’embarquent dans des équipées sauvages qui ne finissent pas toujours très bien. Sa mère lui apprend la souffrance. C’est l’école de la vie et quand on n’a pas de fric, les conneries, on a tendance à les accumuler. Même si on les regrette après. Beltrán n’y va pas par quatre chemins, il choisit le plus direct pour mieux frapper les esprits. Il jongle entre des dialogues au couteau et un texte off en typo machine à écrire, pour mieux évoquer ses émotions. Ces chroniques dessinées sont entrecoupées de textes poignants où l’auteur approfondit son mal-être émotionnel, ses envies, ses joies et ses peurs. Seguí épouse parfaitement les textes de Beltrán. Entre eux, règne une véritable osmose. Son trait est loin des Racines du Chaos paru chez Dargaud. Il est plus instinctif. Ses couleurs sont dans la même veine. Elles sont plus directes. Une fois la lecture terminée, on ressort avec le sentiment d’avoir partagé des tranches de vie percutantes, de celles qui construisent un homme…