L'histoire :
Un agent de la DST est prisonnier en Iran. Sa mission non officielle consistait à mettre à jour des ventes d'arme avec versement de commissions vers ce pays désormais sous embargo. Alors que la DGSE renonce à lui porter secours, il est exfiltré vers la Syrie par des ex-officiers du Shah qui craignent pour leur propre sort dans la toute jeune république islamique. Abandonné en plein désert avec juste quelques vivres et un peu d'eau, il doit se débrouiller pour tenter de gagner Damas à plusieurs centaines de kilomètres de là, et l'ambassade de France. Le jeu de faux semblants va continuer : la DGSE doit faire croire à l'équipe à laquelle Mallet appartenait qu'ils veulent tenter de le sauver. Mais il faut en même temps protéger les ministres qui ont touché des commissions et qui n'ont aucun intérêt à voir un agent trop zélé venir raconter ce qu'il a découvert. Chaque fois que l'agent réussit à prendre contact, tous ses collègues retrouvent le sourire. Mais lorsqu'on arrive au nouveau de l'amiral Levallois, la stratégie s'inverse. Il a reçu des ordres directs de faire le nécessaire pour que l'affaire reste secrète. Mais c'est compter sans les capacités remarquables de l'agent Mallet. Il ne réalise pas encore que chaque fois qu'il donne signe de vie, une équipe de tueurs locaux est envoyée sur sa trace, mais il se défend remarquablement, ce qui a le don d'agacer un petit cercle parisien mouillé jusqu'au aux coudes dans une affaire de gros sous.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deuxième épisode pour ce troisième axe des Affaires d'Etat, en parallèle des deux cycles intitulés Guerre froide et Extrême droite. Comme pour les deux autres thèmes, l'histoire va se dérouler sur quatre tomes, autour d'un évènement qui rappelle un moment de l'Histoire ; ici la vente d'armes vers l'Iran et les commissions touchées par des personnalités du monde politique. La force de cette série tient dans son intrigue bien tordue, avec un agent que la DGSE fait semblant de vouloir ramener en France mais essaye de réduire au silence. La résistance de Mallet, alias Morin, et la duplicité des agents en France nous tiennent parfaitement en haleine. Mais il y a aussi la vie de son équipe en France, et les problèmes personnels que rencontrent chacun de ses collègues. Petit à petit, on découvre les faiblesses cachées de chacun, sans savoir encore lesquelles seront liées à l'affaire. C'est peut-être une pure technique pour créer une proximité avec le lecteur, mais c'est très bien fait, ça permet de varier le tempo d'une intrigue qui s'annonce assez longue. L'italien Alfio Buscaglia et Claudia Boccato aux couleurs sont parfaits pour mettre en scène cette aventure complexe aux personnages multiples. La finesse de trait de Buscaglia lui permet toutes les nuances, sa mise en scène est précise et son découpage parfaitement fluide. Idéalement, il faut relire le premier tome avant de se replonger dans celui-ci, les deux s'enchaînent sans temps mort. Du très bon boulot sur un sujet passionnant, qui donne clairement envie de lire la suite !