L'histoire :
Au début de l'année 1986, une bombe explose en plein cœur de Paris, faisant trois morts et de nombreux blessés. L'attentat est revendiqué par un groupe jusque là inconnu, le Comité de Solidarité avec les Prisonniers Politiques Arabes, ou CSPPA. La DST et la DGSE n'ont aucune information à donner au Premier Ministre qui pilote la cellule de crise. La revendication s'accompagne très vite de nouvelles menaces si trois prisonniers politiques libanais et arménien ne sont pas libérés. Les services restent perplexes face à l'incohérence apparente entre le nom du groupuscule et la nationalité des détenus dont ils exigent la libération. L'inspecteur Crémieux est mis sur une investigation dans les milieux islamistes, dont un foyer radicalisé au sein duquel il va procéder à des contrôles d'identité et des interrogatoires. Pendant ce temps, au Liban, des prisonniers français sont toujours détenus par le Hezbollah, dont Morin l'agent de la DST. Il assiste par la fenêtre de sa cellule à l'enterrement d'un de ses collègues qui vient d'être assassiné. L'inquiétude grandit à Paris, où le gouvernement continue de recevoir des revendications du CSPPA. Des craintes légitimes car un groupe de jeunes étudiants commence à stocker des explosifs dans leurs appartements, pour qu'ils soient toujours accessibles à de mystérieux commanditaires. La panique monte d'un cran le 17 septembre lorsqu'une bombe explose devant le magasin Tati de la rue de Rennes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième tome, on plonge dans la panique de l'année 1986 qui a vu se multiplier les attaques terroristes sur le territoire français. La perplexité des services secrets, intérieurs et extérieurs, est suivie d'une montée en puissance de l'enquête, sur fond de rivalité entre les services. Crémieux est le personnage central de l'enquête de terrain, en même temps que sa vie privée avec sa fille, leurs disputes complices, et le manque commun de l'épouse et mère décédée. Là aussi, Philippe Richelle fait tourner son histoire sur les deux axes, des moments de vie quotidienne simples et parfois drôles, et les drames terroristes. Cet épisode fonctionne très bien, la montée en tension est palpable et on se demande encore comment l'enjeu des prisonniers au Liban va finalement se résoudre. On se retient d'aller relire l'histoire sur le net, car évidemment, le scénariste s'est inspiré des évènements qui ont authentiquement eu lieu en 1986. Alfio Buscaglia fait un excellent travail graphique, tout en souplesse et clarté. L'arc Djihad se confirme comme le plus passionnant des trois histoires parallèles qui sortent simultanément, les deux autres étant consacrées respectivement à l'extrême droite et à la guerre froide.