L'histoire :
La société Werner est un fabricant d'armes dont la situation est critique. Tout près de la fermeture, elle pourrait trouver un salut inespéré dans un contrat de vente vers un pays du Moyen-Orient. Malheureusement, ce pays est sous embargo. Le patron de l'entreprise est le fils d'un ancien résistant qui avait des liens très proches avec le pouvoir politique en place. Un certain Chatel le rencontre et lui propose un deal pour exporter illégalement sa fabrication, moyennant évidemment un pot de vin en espèces. Il va ensuite contacter un ami proche dans un cabinet ministériel et le met dans le coup. La somme augmente alors avec des rétrocommissions supplémentaires. Mais le feu vert est donné. Trois ans plus tard, un agent de la DST apprend par hasard en partageant un verre avec un partenaire de tennis que quelque chose de louche a eu lieu. Martinello Montera est ingénieur chez Werner, et il affirme agir par intégrité personnelle en révélant l'affaire. Les services secrets le rencontrent et mettent en place un système de surveillance de l'entreprise soupçonnée. Cela va conduire le plus jeune membre de l'équipe à s'impliquer personnellement dans l'enquête qui va sortir des frontières du pays. Pas de souci pour lui, il vient de se faire larguer par sa compagne qui a découvert son infidélité chronique. Il se voit fournir une fausse identité et embarque sur un cargo à destination de l'Asie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici le début d'un des trois volets de la série de Philippe Richelle consacrée à des évènements marquants des décennies soixante à quatre-vingt. Cette histoire prévue en quatre tomes tournera autour du Djihadisme et débute avec des ventes d'armes secrètes vers l'Iran. Philippe Richelle débute cet épisode sans perte de temps, en mettant son personnage central sur un cargo transportant a priori des armes vers un pays interdit. Avec pas mal d'habileté, il aura pris le temps de dresser le portrait des protagonistes, les organisateurs du trafic d'un côté, et les agents de la DST de l'autre. Le contraste des milieux sociaux et des styles de vie donne une vraie profondeur sociologique à l'enquête qui s'annonce. En quelques pages, les personnalités sont campées de manière précise. Il y a beaucoup de métier derrière cette entrée en matière. Le dessinateur italien Alfio Buscaglia (prononcer Bouscalia) illustre tout cela avec maestria (prononcer maestria), réussissant avec des simples looks vestimentaires différents, ou des coiffures moins lisses, à distinguer les deux milieux qui vont s'opposer. Tout semble naturel pour cet illustrateur dont le trait fin et souple est parfaitement complété par les couleurs de Claudia Boccato (comme ça se prononce). Le rythme monte très vite et le suspense est bien installé lorsqu'on termine ce premier volume. Il reste bien entendu beaucoup d'inconnues sur les destinataires du trafic et les enjeux politiques éventuels, mais les premières pages de l'histoire nous laissent deviner qu'on n'est pas au bout du voyage. Un début passionnant.