L'histoire :
Les attentats qui viennent de se produire en plein Paris créent des divergences de vue entre le gouvernement et la DST sur leur origine. Mais la piste de l'influence iranienne devient de plus en plus cohérente, notamment grâce aux informations fournies par un informateur qui semble extrêmement fiable. Anis Bouhageb oriente l'équipe de l'inspecteur Crémieux sur des appartements privés qui servent de dépôt pour des terroristes qui prépareraient de nouvelles attaques. Pour l'équipe de la DST, il faut convaincre les politiques de la nécessité de poursuivre cette piste, même si la version plus officielle voudrait incriminer une piste plutôt libanaise. De son côté, la DGSE joue un double jeu, s'appuyant sur des contacts au sein de l'ambassade d'Iran à Paris. Elle a même tenté de faire éliminer un otage français détenu en Syrie puis au Liban qui en savait trop sur ce trafic devenu illicite. Alors que l'enquête de Crémieux et de ses hommes est tout près d'aboutir, les intervenants tentent de se préparer pour la suite. Mais tous ne se tireront pas d'affaire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toutes les pages sont cruciales pour comprendre l'imbrication des enjeux dans cette enquête très complexe. Mais une fois les trois premiers tomes relus, c'est un réel plaisir de découvrir une conclusion cohérente, crédible et pleine de surprises. Philippe Richelle organise avec brio les rencontres secrètes, les conversations entre collègues de bureau, dans un vrai style de polar contemporain dont les personnages sont ancrés dans la réalité. Le passé de Crémieux et la mort tragique de sa femme dans un accident de voiture sont rappelés aussi souvent que nécessaire pour rendre le personnage attachant, autant que sa fille impolie mais très sympa. Ces petits bouts de vie personnelle se combinent à une intrigue à multiples facettes (on n'oublie pas l'agent de la DST retenu prisonnier au Liban) pour construire une histoire crédible très ancrée dans les années 80. Les noms des ministres de l'époque sont détournés, la série assume une part d'invention dans la turpitude de certains protagonistes, mais les dimensions croisées de la realpolitik et de la lutte contre les attentats sont très bien mises en avant. Le dessinateur Alfio Buscaglia fait un boulot hyper efficace et très italien dans le réalisme des personnages et la fluidité des pages. La mécanique narrative implacable, par deux auteurs chevronnés, aboutit à un résultat qui tient en haleine jusqu'à la dernière page.
