L'histoire :
Les finances de l'abbaye de la Sauve Majeure ne sont pas au mieux en ce début de l'an 1280, la dévotion des croyants ne se traduisant pas souvent en espèces sonnantes et trébuchantes. Pour remédier à ce problème, une idée fort simple est proposée à frère Isarn, qu'il ne se sent pas la force de refuser. De nouvelles reliques seraient un plus pour l'abbaye, elles attireraient sans doute les pèlerins et la dévotion. Seigneur Gomuald dispose de deux d'entre elles, provenant de la dépouille de Saint Pierre, confiées à lui par ses relations à Rome. Mais pour que ces symboles de l'existence de Dieu prennent toute leurs forces, il faudrait qu'elles soient accompagnées d'une légende, d'un acte de bravoure, d'une forme de miracle. L'idée toute simple s'impose alors : les reliques seront volées sur la route de Sauve Majeure, lors d'un pèlerinage officiel, devant témoins, dans la ville d'Orléans. Et elles seront retrouvées et héroïquement ramenées vers l'abbaye, auréolées de leur histoire. Le plan se met alors en place, les pèlerins sont rassemblés un beau matin et prennent la route de Saint Jacques de Compostelle. Mais lorsque l'agression planifiée a lieu en pleine ville d'Orléans, certains pèlerins se comportent de manière inattendue, et le coup monté avorte. C'est le début d'une série de mésaventures autour des précieuses reliques, qui vont semer la méfiance au cœur même du groupe de pèlerins.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouvelle histoire nimbée de suspense autour du chemin des pèlerins qui se rendent à Saint Jacques de Compostelle, ce second volume est plus efficace dans son intrigue que son prédécesseur. Un peu moins didactique, plus centré sur les personnalités des pèlerins, il revêt les habits plus traditionnels d'une intrigue « policière » historique qui démarre assez vite. L'occasion nous est à nouveau donnée de découvrir des étapes clés du pèlerinage, villes, abbayes et lieux de culte. Et la reconstruction en cours de la cathédrale d'Orléans, à la toute fin du XIIIème siècle. Le scénariste Pierre Roland Saint Dizier livre un boulot tout à fait crédible en enchaînant les révélations et ménageant un agréable suspense autour d'une troupe de pèlerins, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne constitue pas le casting idéal pour une BD grand public. Dans le même registre, le dessinateur Andrea Mutti fait le job avec sérieux et une pointe d'austérité, donnant au lecteur une belle profusion de détails lorsque le récit l'impose. Sans avoir les atours d'un blockbuster, Campus Stellae est une intéressante incursion thématique dans un pan d'histoire méconnu du grand public. Une manière agréable de s'intéresser au contexte historique d'une époque, à travers les multiples routes du fameux pèlerinage.