L'histoire :
En novembre 511 de notre ère, sur la montagne Sainte Geneviève à Paris, le roi Clovis Ier est inhumé dans l’église en construction qu’il a voulu pour honorer la protectrice de la ville. Sont présents : sa femme Clotilde et Mundéric son plus fidèle soldat, qui attendent Rémi, l’évêque de Reims qui avait baptisé le roi. En attendant la délégation des nobles emmenée par Thierry, le fils naturel du défunt, ils content l’histoire de Clovis Ier. Des funérailles somptueuses de son père Childéric, amenant à différentes scissions des Francs, Mundéric choisit de suivre le jeune héritier des Francs Saliens, qui ne règne alors que sur un domaine semblable au Pas-de-Calais actuel. Pour autant, Clovis va très vite se révéler un véritable chef de guerre, qui œuvrera toute sa vie durant à l’expansion de son territoire. Il commencera par mettre au pas (et dans la tombe), Syagrius le « dernier roi des Romains », lors de la bataille de Soissons, rendue célèbre par l’épisode du vase. Avant de faire de même avec les Alamans lors de la bataille de Tolbiac, qui le verra se convertir au christianisme alors que son armée est en déroute. Guerrier, manipulateur et fin politique, Clovis comprend alors vite l’intérêt de se mettre du côté de la religion du pape et de faire allégeance à Théodoric, le roi des Ostrogoths, d’abord en épousant Clotilde, une princesse burgonde catholique, puis en acceptant de se faire baptiser à Reims, par le futur St Rémi. Dès lors, à la tête d’une forte puissance alliée, il va pouvoir continuer ses conquêtes du territoire avec l’assentiment de l’Eglise, en éliminant les Wisigoths et leur chef Alaric, lors de la bataille de Vouillé. Puis en éliminant un à un ses anciens compagnons d’armes, et surtout ses proches, oncles et cousins, afin de rester le seul à pouvoir revendiquer le titre de roi de tous les Francs.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
S’il fait partie des incontournables grands personnages de l’Histoire de France, la vie de Clovis est pourtant très peu connue, mis à part quelques faits d’armes ainsi que son baptême plutôt médiatique pour l’époque. Car les principaux faits relatés sur lui, l’ont été par Grégoire de Tours (né 30 ans après Clovis), dans son ouvrage « l’histoire des Francs », et écrit quelques 60 ans après la mort du roi francs, en se permettant de nombreuses révisions historiques. Aussi, les auteurs, dont Bruno Dumézil professeur à la Sorbonne, ne prennent à leur tour aucun risque, en retraçant la quasi-intégralité de la vie de Clovis, sans y apporter guère plus que ce que les plus anciens auront déjà lu dans L’histoire de France en bande-dessinée, de chez Larousse (1976). Certes, le dessin, le scénario, la narration, les dialogues et la mise en page sont beaucoup plus modernes, mais ils ne suffisent pas à combler le manque d’informations nouvelles, mais pourquoi pas un tant soit peu fictive, sur le monarque mérovingien. Malgré tout, on appréciera la qualité du dessin, très sombre comme l’on peut imaginer cette époque barbare, avec des différences de mise en page qui aèrent parfaitement la lecture. Les combats, menés tambour battant, sur fond noir, sont très dynamiques et les détails fouillés, avec d’excellents effets de mouvements. La mise en page alterne entre cadrages classiques et double-pages panoramiques, en plongées ou contre-plongées, notamment lors du sacre de Reims ou du concile d’Orléans. On note parfois quelques longueurs (6 pages pour l’avènement et le baptême de Clovis !) et surtout beaucoup de texte, dans un choix de narration par les témoins de l’histoire, avant de passer en flashback sur la vie de Clovis, puis de revenir aux témoins, et ainsi de suite, avec parfois quelques « punchline » un peu trop modernes… Enfin, l’énorme lexique de 8 pages clôturant cet album, certes très documenté, n’apporte rien de plus à l’histoire contée en dessin, si ce n’est que le peu de connaissances sur Clovis se reflète à nouveau dans cet album, en y relatant uniquement ses « faits d’armes » déjà connus.