L'histoire :
À califourchon sur son ours domestique, Flavio, le ménestrel du roi Conan, en pleine panique, fait galoper sa monture jusque derrière la herse de la ville fortifiée de Tamar. Le plantigrade s’effondre alors d’épuisement, au terme d’une harassante chevauchée. Le ménestrel réclame la fermeture immédiate des portes de la cité, qui court selon lui un grand danger. Malgré sa mine épouvantée, les gardes l’invitent à présenter sa requête à la Noble Assemblée, présidée par le prince Arpello de Pellia. Elle seule peut prendre une telle décision. Flavio s’exécute sans perdre de temps. Il raconte alors comment leur roi Conan, à la tête d’une armée de 5 000 hommes, est tombé dans le guet-apens tendu par une coalition de trois rivaux : le roi Amalrus, le roi Strabonus et le sorcier Tostha-Lanti. Acculée dans une gorge étroite du royaume d’Ophir, l’armée de Conan a eu beau lutter vaillamment, elle n’a pas pu venir à bout des 30 000 hommes. Dernier debout après s’être battu tel un forcené, le dernier à tomber fut le roi Conan lui-même, suite à une manipulation du fourbe Tostha-Lanti. Selon Flavio le roi Conan est mort et ses assassins sont désormais en route pour s’emparer de son royaume. Or lorsqu’il apprend cela, Arpello ne parvient pas à dissimuler un léger sourire en coin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bingo, quand on attend au tournant deux cadors du 9ème art, enflammés à l’idée de s’emparer d’un mythe de l’heroïc fantasy comme Conan pour en proposer LEUR version, on a peu de risque d’être déçu. Ce 5ème épisode BD est adapté de la 6ème nouvelle écrite par Robert E.Howard, issu du recueil Conan le cimmérien (1933). Le barbare inventé par ce romancier américain joue une nouvelle fois pleinement son rôle de guerrier colossal, puissant, royal, inébranlable, mu par une volonté de fer et un courage supérieur. Et pourtant, en as de la psychologie des personnages, Luc Brunschwig parvient à lui insuffler un je-ne-sais-quoi qui le rend humain et vulnérable. Il n’apparaît que tard dans l’aventure, alors que son ménestrel le décrit plutôt en fâcheuse posture, puisque soi-disant mort. Ouf, il n’était qu’au fond du trou, mais au sens littéral du terme. Toute l’intrigue consiste dès lors à le suivre affronter les épreuves, une par une, pour se relever et regagner progressivement sa superbe. Au passage, il nous balance à la face une leçon toujours riche de sens pour fustiger le népotisme et glorifier les self-made-men. Cela dit, comme pour les précédents volumes, il s’agit avant tout d’apprécier cet épisode pour son souffle épique. Ce dernier est magnifié par la mise en scène et le dessin experts d’Etienne le Roux. Dès la première case, on est happé par la vibration de la grande aventure, qui ne retombe jamais. Au sein de la somptueuse cité fortifiée, dans le dédale des grottes ponctuées de pièges maléfiques, au milieu des armures rutilantes et des carcasses ensanglantées d’un champ de bataille : tous les éléments d’un bon Conan sont réunis. Vive les barbares.