L'histoire :
Dans l'asile psychiatrique australien de Green Sands, une pensionnaire surnommée l'africaine attire l'attention de Gordon, le nouveau directeur. Psychiatre de province passionné par son métier, il est fasciné par la personnalité de cette femme dont il n'arrive pas à percer les secrets. Récupérée dans un camp de réfugiés du Kivu, avec pour seuls document un passeport australien qui n'était pas le sien, elle ne fournit au personnel que des bribes d'information sur son passé et sur ce qu'elle a vécu. Mais derrière cet anonymat, Ellen se comporte en pensionnaire modèle. Calme et posée, ne montrant aucun écart de comportement, elle fait partie des favoris du personnel du centre. Si bien que sa seule lubie lui est volontiers accordée : personne ne doit accéder à son cabinet de toilette. Mais Gordon entre en contact avec elle plus qu'avec n'importe quel autre pensionnaire. Très habilement, il parvient à faire parler Ellen, qui se sent de plus en plus ouverte et épanouie à son contact. Mais un drâme va frapper l'établissement sous la forme d'une pensionnaire prise d'un délire incontrôlable. Le destin a une nouvelle fois décidé de donner un cours imprévu aux évènements. Une vérité inattendue va éclater...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album de clôture fait partie des meilleurs de cette longue série qui nous a embarqués dans ses embranchements mutliples depuis début 2010. On y retrouve au scénario Frank Giroud, créateur et grand concepteur de ces Destins multiples, et le très efficace Michel Durand au dessin. En terme de réalisation, c'est donc un volume très professionnel qui nous est proposé, avec la satisfaction d'un traitement visuel exigeant (ce qui n'a pas toujours été le cas dans cette série). Sans vouloir détailler comment Giroud va synthétiser les différents destins qui doivent aboutir à cette conclusion attendue, on peut dire que le boulot est fait, et que ce dernier volume apporte à la fois une cohérence à l'ensemble, autant qu'un élément de surprise qui justifie sa lecture. Mais on ne peut pas s'empêcher de se questionner sur la construction d'ensemble de la saga, et l'utilité rétrospective de 13 volumes pour parvenir à cette fin. Car comme on pouvait le sentir à la lecture moins passionnante des épisodes précédents (dont la très laborieuse histoire de l'ancêtre esclavagiste), bon nombre des digressions ne jouent aucun rôle dans la conclusion de l'histoire. Dès lors, c'est au projet éditorial que l'on pense quand on regarde le bel et coûteux agencement de ces 14 volumes sur nos étagères... Certes, l'ensemble de la saga a été publié en deux ans, presque jour pour jour ; mais les volumes qui méritent une seconde lecture sont finalement assez peu nombreux. Désormais sensibilisé qu'il est, aux choix cruciaux qui émaillent notre existence, le lecteur se demande si sa vie aurait vraiment été différente s'il avait décidé de tout arrêter après le premier tome...