L'histoire :
A la fin du XVIIIème siècle, un certain Sir William organise un trafic d'esclaves au cœur de l'Afrique. Il a établi des relations avec des tribus rivales, et achète les prisonniers aux vainqueurs après les batailles. La vie de cet homme sans scrupule est pleine de cynisme pour ses congénères et de mépris pour les africains. Lors de ses promenades dans la brousse, il choisit régulièrement une jeune esclave qu'il force à partager sa couche. Mais il va commettre une erreur cruciale en amenant dans son lit, par la force, la fille d'un chef de tribu qui participe habituellement à son traffic. Dès lors, il va devoir organiser sa fuite et devenir la cible d'une vengeance aux proportions insoupçonnées. Dans le présent, Ellen est toujours prisonnière en Afrique et va comprendre que son destin pourrait être lié à ces évènements passés...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'ancètre fait partie de la branche de Destins dans laquelle Ellen a renoncé à avouer sa culpabilité dans le braquage de banque du premier album. Elle vit donc très mal la condamnation à mort de Jane, mais cherche à compenser cette lâcheté par une activité redoublée dans l'humanitaire en Afrique. A la grande surprise du lecteur, cet album fait une drôle d'embardée en nous embarquant dans le passé esclavagiste d'un personnage, qui va bien entendu s'avérer un protagoniste de l'intrigue globale. La longue phase d'ouverture de près de 30 pages semble aussi douteuse que la série télé Lost qui décida de nous emmener dans le passé, essentiellement pour durer deux saisons de plus. L'album est visuellement plaisant, Joseph Béhé y apportant ses couleurs très personnelles, mais Matz déroule une intrigue plutôt ennuyeuse, qui en fait un des moins passionnants du cycle à ce jour. Et il faut avouer que le retournement final, extrèmement peu crédible, ressemble à un grossier emplâtre sur une intrigue mal en point. Difficile de comprendre pourquoi, si près de la conclusion de la série, les auteurs choisissent cet éclairage improbable qui relance un enième angle de vue. C'est extrèmement contrariant pour le lecteur qui investit dans 14 opus pour un concept certes novateur, mais commence à douter sérieusement de la solidité de l'ensemble. Après Quintett en 5 tomes, Le décalogue en 10 et Destins en 14, on espère que Frank Giroud n'est pas déjà en train de nous inventer un concept révolutionnaire en 32 albums. Ils paraitraient toutes les trois semaines et raconteraient chacun la première moitié de celui qui paraitrait 6 mois plus tard jour pour jour... Bref le lecteur de Destins devient méfiant, voire irritable, face à une série-concept dont les embranchements mutiples convainquent de moins en moins. Il reste trois albums pour revenir dans les clous. Car tout de même, c'est Monsieur Frank Giroud qui est aux commandes !