L'histoire :
Outrée par la muflerie de Thomas Reilly, Ella Mahé visite seule Louxor et les temples de Karnak. Sur la route, elle croise à nouveau un inquiétant personnage qui l’avait suivie dans les souks d’Assouan. Elle réussit à lui échapper et part pour le Caire où elle a rendez-vous avec le conservateur du musée. Il lui propose de restaurer des manuscrits anciens, au musée archéologique d’Ismaïlia. Emballée par cette proposition, elle accepte et découvre, relégué parmi des ouvrages de moindre importance, un splendide manuscrit illustré du XIXe siècle. Il s’agit du récit de Frédéric Labadie, un ingénieur français engagé par Ferdinand de Lesseps pour mener à bien le creusement du canal de Suez. Bon nombre de personnes cherchent à lui mettre des bâtons dans les roues pour empêcher la réalisation de cet ouvrage gigantesque.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis les Cigares du Pharaon, l’Égypte est une terre d’aventures BD. Maryse et Jean-François Charles perpétuent cette tradition à travers le périple (initiatique ?) d’Ella Mahé, jeune aventurière. Ce deuxième opus nous éclaire un peu plus sur l’existence de cette princesse aux yeux vairons. Malheureusement, le scénario est plus convenu que dans le premier tome. Les scénaristes en font un peu trop sur la relation entre Labadie et Clara, une journaliste rencontrée sur le chantier du Canal de Suez, au détriment de l’aspect épique de l’histoire. Malgré tout, la narration est fluide, très documentée comme toujours (Napoléon III a joué un rôle prépondérant dans la construction du Canal de Suez, en apportant une contribution financière au projet de Ferdinand de Lesseps ; la presse internationale s’interrogeait sur les conditions de travail et le salaire des ouvriers égyptiens). A l’instar du premier tome, le dessin est réalisé à 4 mains, avec Jean-François Charles (of course) et Francis Carin, connu pour sa série Victor Sackville. Le sens du détail de Carin (planche 11 et 43 montrant avec précision le travail effectué par la main d’œuvre locale pour creuser le Canal) répond merveilleusement à l’esthétique poussé de Charles. Et que dire de la couverture, toujours très chiadée, qui est une fenêtre sur les « sandal », bateaux traditionnels voguant sur le Nil, un joli cliché loin des manifestations remuant le pays. Rendez-vous en juin 2011, avec Celle qui n’a pas de nom.