L'histoire :
Juillet 1949. Accusé de collaboration, Joseph Joanovici comparaît devant la Cour de Justice de Paris. Son avocat est optimiste : une centaine de témoins, des Juifs sauvés grâce à son argent, ont accepté de déposer en faveur de Joanovici. Il est sûr aussi qu’en conséquence, les jurés lui pardonneront d’avoir fait fortune sur le dos des nazis. Mais Joanovici veut être sûr qu’ils sera acquitté. Il demande à sa fidèle Lucie de contacter Jo Attia pour qu’il soudoie les jurés les plus réticents. De son côté, l’opiniâtre juge Legentil ne lâche pas l’affaire et recontre un des jurés. Il lui évoque de le meurtre de Robert Scaffa, dans lequel Joanovici est directement impliqué. Le verdict du procès est sans appel pour Monsieur Joseph : cinq ans de prison ferme, indignité nationale à vie et confiscation des biens jusqu’à concurrence de 50 millions de Francs. Son fère Marcel est condamné à 3 ans de prison. Tout ça à cause de l’intervention d’un juré qui évoque l’affaire Scaffa en plein procès … Quelques années plus tard, le Fisc accepte la dette de Joanovici à hauteur de 1,4 milliard de Francs, en échange d’une libération anticipée. De plus, il sera assigné à résidence à Mende. En sortant de prison, il retrouve ses filles Hélène et Thérèse. Elles le jugent responsable de la mort de leur mère, Éva…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne présente plus Il était une fois en France. Créée en 2007, cette série est un succès critique (prix de la série au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2011) et public. On attendait avec impatience l’épilogue de cette histoire vraie authentique, une histoire que Fabien Nury a voulu la plus proche de la réalité, à tel point qu’il a rencontré des protagonistes qui ont connu Joanovici, ainsi que son petit-fils qui vit en Israël. Le duo Nury-Vallée livre donc un dernier tome à la hauteur de nos espérances. La terre promise est un régal à tous les niveaux. La finesse narrative et les dialogues de Nury font mouche à chaque case. Ici, le personnage de Joseph Joanovici prend une véritable dimension émotionnelle. Face à ses filles qui lui reprochent le décès de leur mère, il est désemparé. Le juge Legentil le traque sans relâche (et non sans impact sur sa vie familiale), mais il ne baisse pas les bras. Joanovici répète sans cesse « jamais à l’abri ». Il est en fuite perpétuelle, comme un homme qui n’a cessé de jouer un double-jeu et qui est pris dans un étau qui se resserre. Il s’estime victime d’un manque de reconnaissance, lui qui a sauvé des Juifs de la déportation. Il a collaboré avec les Allemands, bien sûr, mais pour mieux les infiltrer et donner des informations à la Résistance. Il est facile pour nous de juger cet homme, en 2012. Mais, qu’aurions-nous fait à sa place ? Sylvain Vallée, par ses cadrages sublimes et son trait semi-réaliste divin, nous livre une composition graphique de toute beauté. On se plonge dans la richesse de ses décors, dans les expressions de ses personnages. Un véritable plaisir pour le lecteur : sans doute la meilleure série de ces 10 dernières années. Carrément.