L'histoire :
Aux dernières heures de l’occupation allemande, Joseph Joanovici poursuit son double jeu. D’un côté, il fournit des laissez-passer, aide à l’impression de tracts, supervise les parachutages d’armes. De l’autre, il doit composer avec Wilhem Korf, un bon ami d’Otto. Ses entrées à la Kommandatur ont permis la libération, moyennant finances, des résistants emprisonnés. Malheureusement, ces libérations ont attiré l’attention de sa hiérarchie. Willhem Korf a indiqué qu’il s’agissait d’une opération d’infiltration de la résistance. Joseph Joanovici doit lâcher des noms. A contrecœur, il balance un dépôt d’armes géré par des moines au Couvent de la Brosse-Montceaux. Korf ne se fait pas prier et file les arrêter. Devant leur mutisme, il n’y va pas avec le dos de la cuillère : il dessoude les curés, puis met le feu au couvent. Joseph joue la montre en attendant les Alliés, mais l’étau se resserre. A force de jouer sur les deux tableaux, on finit tôt ou tard, par payer l’addition au prix fort…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il était fois en France fait partie de ces séries intarissables d’éloges. Album après album, le plaisir de découvrir les facettes de la personnalité de Joseph Joanovici reste intact. Pourquoi ce personnage fascine ? Tout simplement parce qu’il est à l’image de l’homme, capable du meilleur comme du pire. Il se perd dans des mensonges, ses trahisons en entraînent d’autres… Au bout du compte, sa famille en pâtit, ses idéaux sont bafoués (enfin ce qu’il en reste). Dans Aux armes, citoyens, Joano retourne sa veste pour embrasser la cause résistante. Le problème, c’est que l’étiquette de gestapiste lui colle au train, comme le sparadrap de Rastapoupoulos. Et pour s’en défaire, il n’hésite pas à mouiller les copains. Il est loin le temps où ce petit roumain débarquait à Paris, la mine enfarinée, pour séparer le bon grain de l’ivraie, chez l’oncle ferrailleur de sa femme Éva. Ici, le scénariste Fabien Nury s’attaque à un sacré pan de l’histoire française : la fin de l’Occupation, la Libération et l’Épuration. Sa science de l’intrigue et ses dialogues toujours justes sont dignes des plus grands scénaristes du cinéma. On est d’ailleurs en droit de penser que sa collaboration, euh, non sa participation aux Brigades du Tigre n’en restera pas là. Que dire de Sylvain Vallée et de son sens graphique. Jamais une erreur de proportion, des décors sublimes, des attitudes de personnages très bien senties… Il était une fois en France, on l’aime et on ne le quitte pas… des yeux.