L'histoire :
1. L'empire de monsieur Joseph : En 1947, c'est l'effervescence à la préfecture de police. Wybot de la DST, arrive avec deux de ses agents et le juge Fayon. Le préfet les reçoit, un peu surpris. La délégation vient pour arrêter Joseph Joanovici. Les motifs ne manquent pas : corruption de fonctionnaires, trafic, contrebande et collaboration. Ce qu'ils ignorent, c’est que Joseph est au courant et déjà en fuite...
2. Le vol noir des corbeaux : En juin 1940, à La Rochelle, c’est la débâcle. Un grand paquebot se tient prêt pour emmener le maximum de Français qui veulent fuir l'occupation allemande. Seuls les plus riches auront une place pour l'Amérique. Joseph s'assure que tout est prêt et s'apprête à récupérer Éva et les enfants. Il rencontre un faussaire qui est capable de faire de faux passeports. Joseph a alors une idée : en cachant ses origines juives, il pourra s'imposer en France. Au dernier moment, il annule son exil !
3. Honneur et police : Alors qu'il compte son argent dans une de ses planques avec Lucie, Joseph comprend qu’il gagne trop. Tout le monde commence à savoir qu'il prend beaucoup d'argent et qu'il donne également beaucoup aux Allemands. Lucie estime que ces alliés sont nécessaires, mais Joseph se méfie : si les Allemands perdent la guerre et quittent la France, il paiera pour tous ceux qui ont collaboré. Il prend alors une grande décision : investir dans un nouveau projet... la Résistance !
4. Aux armes citoyen ! : Joseph et les résistants se rendent au couvent de la Brosse Montceaux. Ils viennent récupérer les armes planquées par les moines. Chacun a un nom de code comme un résistant. Pourtant, ils prennent le temps de bien régler l'affaire, ce qui agace Joseph. En effet, les Allemands peuvent venir et les surprendre. Finalement, ils embarquent la livraison. Joseph se prépare à aller voir Wilhem Korf, l'officier SS. Il n'a pas le choi x: il doit dénoncer les agissements du couvent...
5. Le petit juge de Melun : Madame Scaffa rend visite au juge Legentil. Elle veut un procès pour réhabiliter la Mémoire de son fils, Robert. En effet, il a été accusé de trahison pendant la guerre et exécuté par méprise. Pour elle, c’est Joseph Joanovici le responsable. Il a lui-même exécuté son fils. Le juge est prêt à enquêter sur la personnalité du célèbre Joseph qui avait pris pour nom de code Spass pendant la Résistance. Mais c’est un énorme poisson...
6. La terre promise : 1949, Joseph démarre son procès. Il est accusé d'avoir commercé avec l'ennemi et d'avoir fourni du métal pour la construction des armes. Joseph se défend avec humour et attire la sympathie de la cour et du public. Son avocat est d'autant plus confiant qu'il leur reste un soutien de poids. Plus de cent personnes vont venir témoigner à la barre : les cent résistants que Joseph a sauvés en rachetant aux Allemands leur liberté. Pourtant, Joseph veut plus de garanties. Lucie va opérer pour lui…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dix ans après la sortie du premier tome de la série évènement Il était une fois en France, Glénat publie l’œuvre en édition intégrale : les six tomes réunis avec plus de 370 pages, toutes en noir et blanc. L’occasion de redécouvrir ou de découvrir une série qui a marqué le monde de la bande dessinée. Le début donne le ton et pose les bases d’une création hors norme. Multipliant les ellipses et les flash-blacks, Fabien Nury présente les pièces d’un complexe et vaste puzzle. Même si les premières pages sont difficiles à suivre, tant le projet est colossal et les personnages nombreux, tout est mis en place pour reconstruire petit à petit un dénouement tragique et mémorable. Il était une fois en France, c’est une gigantesque fresque d’un simple ferrailleur qui gravit les échelons et qui devient un véritable empereur du crime. Comme la célèbre trilogie de Francis Ford Coppola, Le Parrain, l’œuvre raconte toutes les malversations et l’omnipotence de Joseph Joanovici. Comme dans les meilleurs polars, la série est pleine de suspense. En effet, la violence et l’action sont incessants et dignes des meilleurs films de mafia à la française ! D'ailleurs, les trognes délicieusement croquées par Sylvain Vallée rappellent les films avec Jean Gabin. Les manipulations de Joseph et son génie pour se tirer d’affaire sont également des rebondissements incroyables et spectaculaires. On pense inévitablement à la grande figure légendaire d’Al Capone – Joseph a d’ailleurs la carrure et le chapeau du célèbre gangster – d’autant que, lui aussi, est pourchassé impitoyablement par le juge Legentil, le Elliot Ness de l’histoire américaine. Qu’on ne s’y trompe pas : l’œuvre n’est pas une fiction et le ferrailleur juif a vraiment existé. Fabien Nury reprend avec précision les moindres détails de sa vie et orchestre à la perfection la galerie impressionnante des personnages qui gravitent autour de lui : la froide Eva, la fidèle Lucie-Fer, l’intraitable juge Legentil... L’œuvre prend une toute autre ampleur avec le contexte de la seconde guerre mondiale et l’occupation allemande. Le destin rocambolesque de Joseph est donc une occasion immense de retranscrire cette période noire de notre histoire. Le polar se mêle à la grande histoire et l’on croise des figures connues de l’occupation : le chef de la Gestapo Henri Lafont, le résistant Armand Fournet, membre de « Honneur et police » et l’immonde médecin Petiot, démoniaque héritier de Landru. On y voit des Français sympathiser avec des allemands et des nazis pratiquer le chantage pour s’enrichir. A l’inverse, les résistants tentent des coups d’éclat, mais sont aussi capables d’utiliser la manipulation et la trahison pour arriver à leurs fins. Certains événements réels et célèbres sont évoqués, comme l'arrestation des résistants de « honneur de la police » au café Zimmer, l’attentat rue Lauriston ou l'exécution des moines du couvent de la Brosse Montceaux. D’autres passages sont encore plus forts en traitant de la déportation et du racisme, et l’antisémitisme des nazis. Rarement une bande dessinée aura été aussi juste et complète pour montrer l’occupation. D’autant que Fabien Nury ne verse pas dans le témoignage historique, mais se sert de cette période pour renforcer la tension de son récit. La Libération est également peinte avec beaucoup de justesse. Joseph a constamment navigué entre deux eaux, participant à la fois à l’effort de guerre allemand tout en finançant les rouages de la Résistance. Ce personnage étonnant a tout vécu, et à travers sa vie, c’est celle de la France pendant la seconde guerre mondiale que l’on découvre. L’intégrale montre en plus le formidable travail de Sylvain Vallée en noir et blanc. Le trait est étonnant de maîtrise et de simplicité. Proche de la ligne claire, avec une maturité en plus, le dessin est impressionnant d’efficacité et parvient à incarner avec force un nombre incalculable de personnages. Du début à la fin, l’œuvre ne vous lâchera pas une seule seconde. Sergio Leone avait son Il était une fois en Amérique : Fabien Nury et Sylvain Vallée ont leur Il était une fois en France !