L'histoire :
A l’aube du XVIème siècle, le peuple Inca doit lutter contre un ennemi venu du grand océan. Les oracles font à l’Inca Huayna Capac un portrait sinistre et sanglant des années à venir. En 1509 de l’ère chrétienne, un bébé flottant dans un panier sur le lac Titicaca est trouvé par une accla (vierge de la lune). En raison du serpent tatoué dans sa nuque, la communauté de son couvent le baptise « Amaru » (nom du dieu serpent). Il porte dans ses langes une statuette sacrée, la clef de la grotte au disque d’or ! Tandis que la famille de cet « enfant du soleil » lance des recherches qui dureront des années, le grand prêtre du couvent confie le bébé à une famille d’accueil. Une dizaine d’années plus tard, Amaru vit sur une île flottante du lac, lorsque des messagers en provenance de Cuzco les somment de se rendre tous au temple du Soleil, dans les meilleurs délais. Après un périple à pied éreintant à travers les Andes, la famille d’Amaru arrive à Huanuco Pampa, le deuxième centre administratif après Cuzco, où ils devront travailler pour l’empereur. Un shaman y annoncera un grand destin à Amaru… Ce sont pourtant des soldats qui viennent s’en emparer un beau matin, pour la Capacocha : tous les enfants entre 10 et 12 ans doivent être sacrifiés pour satisfaire les apus, dieux des montagnes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans un exercice proche de celui auquel il s’est récemment livré avec une histoire de l’Australie (Terra Australis), Laurent-Frédéric Bollée s’intéresse ici à la civilisation Inca, au crépuscule de son existence. La saga historique est prévue en 5 tomes et s’écrit en collaboration avec Laurent Granier, explorateur et réalisateur. Immédiatement immergé à l’époque des conquistadors, le lecteur suit dans ce premier opus trois fils narratifs alternés. Tout d’abord, « l’empereur » Inca Huayna Capac exhorte son peuple à une lutte suprême contre l’envahisseur venu de l’Est. Puis rapidement, la destinée d’Amaru se met en place : tel Moïse retrouvé nourrisson sur un panier flottant, cet enfant sacré est porteur d’une relique et il est promis à un destin hors-norme. Nous découvrirons majoritairement durant tout ce premier tome son parcours initiatique tumultueux. Enfin, nous suivons aussi la sanglante percée vers le Pacifique de Balboa, fondateur de la première colonie espagnole sur la « terra firme », son triomphe puis sa déchéance. En dehors de l’intérêt historique pour la période, il est difficile de cerner l’orientation que prendra cette série. Le ton narratif se cherche un peu pour le moment, entre la destinée épique d’un « fils du soleil » et la vocation purement didactique de retranscrire les évènements et les mœurs à l’époque de la colonisation espagnole. Dans cette optique, les scénaristes parsèment leurs dialogues et encadrés du vocabulaire précis (et imprononçable) de la culture Inca. Le dessinateur Lionel Marty n’a quant à lui pas dû être trop dépaysé par ce contexte ultra-guerrier : il a déjà œuvré sur le Rêve de Jérusalem, un périple sanglant à l’époque des croisades. Ses encrages vifs collent fort bien au contexte, très convaincants sur les plans panoramiques de paysages ou l’âpreté des combats… un peu mois lorsqu’il s’agit de bien identifier les faciès des protagonistes.