L'histoire :
Vienne, 1907. Gustav Klimt se rend chez ses amis Adèle et Ferdinand Bloch-Bauer, couple de riches industriels et amateurs d’art, pour une visite de courtoisie. Profitant de cette entrevue, Ferdinand propose au peintre autrichien de réaliser le portrait de sa femme. Klimt accepte et fait une promesse : « Adèle je vais te couvrir d’or. »
1901, 6 ans plus tôt. Pour orner le hall de son bâtiment, l’université de Vienne commande à l’artiste trois panneaux dont l’un est supposé représenter La Médecine. Lors de l’inauguration de l’œuvre, les critiques pleuvent. La bien-pensance aristocrate voit dans la nudité du personnage féminin central, un éloge du stupre, voire de la maladie. Klimt incompris, et extrêmement frustré, n’en reste pas moins un insoumis. Sa rencontre avec le couple Bloch-Bauer, et plus particulièrement Adèle Bloch-Bauer, le pousse alors dans un onirisme inspirant et une créativité décuplée. Dans son atelier, entouré de ses muses, le peintre a donc toute une folie douce à exprimer. Et une promesse à tenir.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce nouvel album de La collection des grands peintres, Jean-Luc Cornette a pris le parti de ne narrer qu’un bref épisode de la vie haute en couleurs du symboliste autrichien. Ce format, qu’il avait déjà adopté dans un ouvrage consacré à Frida Kahlo, permet, à défaut de proposer une biographie trop exhaustive, de se concentrer sur la personnalité de l’artiste, son essence. Ici, il nous donne à voir 7 ans de la vie d’un rêveur compulsif, imprévisible et débordant d’amour pour les femmes. Nous nous retrouvons donc très souvent dans les songes nocturnes de Klimt, nécessaires à son inventivité, mais qui donne parfois au récit un aspect décousu. Les dialogues sont tantôt imagés, poétiques et tantôt très acerbes envers une intelligentsia bourgeoise dénuée d’émotion. Du point de vue graphique, mention spéciale à Marc-Renier qui a su mettre en mouvement l’élégante et ténébreuse Adèle. Il s’agissait d’un pari difficile que celui d’animer celle qui fut surnommée « la Joconde autrichienne » et c’est réussi. Le trait précis et inspiré du dessinateur lui permet également de proposer une palette de faciès qui reflètent le caractère entier et changeant de Klimt. Le travail exceptionnel de reproduction des œuvres est quant à lui malheureusement affaibli par des couleurs bien trop ternes. « Der Zeit ihre Kunst, Der Kunst Ihre Freiheit ». (A chaque époque son art, à chaque art sa liberté). C’est avec ces mots inscrits sur le palais de la Sécession de Vienne que démarre la narration. Il s’agit en fait d’un avertissement. Car bien que très documentée, l’histoire de Klimt qui est proposée par Jean-Luc Cornette et Marc-Renier est surtout une superbe allégorie, un conte pour grands enfants.