L'histoire :
Il y a environ 40 000 ans avant notre ère, l'homo-sapiens qui a évolué en Afrique colonise l'Europe, alors que le continent vit la fin d'une période glaciaire (la glaciation de Würm). Il va côtoyer les mammouths, se sustenter grâce à un gibier abondant, vivre en marge de l'homme de Néandertal, et découvrir l'art sous diverses formes. Car la taille des silex n'était pas seulement destiné à l'élaboration des armes : Sapiens confectionnait aussi des bijoux dans des os ou des coquillages, qu'il montait en collier ou sur des vêtements. Le silex lui a aussi permis de fabriquer les premières flutes dans des os animaux, afin de produire de la musique, et de sculpter les premières figurines animales dans de l'ivoire de mammouth, en de petits objets qu'on appelle « l'art mobilier ». En général, les animaux de l'époque servent de modèle (grands félins, chevaux, bisons, ours...), mais aussi les formes féminines. Les parois des grottes servent aussi à l'expression « artistique » de ces modèles. Les artistes réalisaient alors leurs oeuvres soit par piquetage (à l'aide d'un burin et d'une masse), soit en les dessinant avec des branches de pin calcinées ou de la peinture. En France, on a trouvé les plus fabuleuses grottes ornées dans la vallée de la Vézère (Dordogne) et dans la grotte Chauvet (Ardèche)..
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette bande dessinée en petit format, tout souple et tout fin, n'entre pas dans les canons grand-public de la BD « de genre ». A travers ce travail pédagogique en 3 volumes, Eric le Brun transmet sa passion pour l'art pariétal paléolithique (il est déjà le scénariste de Ticayou, pour les tout jeunes enfants). En quelque sorte, il fait donc aussi oeuvre de Mémoire et un bel hommage aux pionniers du 9ème art ! Il n'y a donc pas de scénario à proprement parler, dans le sens « intrigue ». Entre divers documents et textes synthétiques (cartographies, illustrations), la séquence de bande dessinée de 26 planches en noir et blanc se borne à adopter une démarche purement didactique, adoptant un développement thématique à l'intérieur de chaque fascicule : le contexte, les modes de vie, les sculptures, les peintures, les principaux sites. Pour la période couverte par la Première époque, il s'agit de l'Aurignacien, c'est à dire de - 40 000 à - 30 000 ans avant notre ère. L'aurignacien fut nommé ainsi en hommage à la première grotte ornée découverte à Aurignac, qui datait – croyait-on – de cette époque. Mais le fleuron du registre, que le Brun met en exergue comme un « climax » pour ce fascicule, est la grotte Chauvet, dans les grottes de l'Ardèche. Récemment découverte (1994), ce chef d'oeuvre de l'art pariétal montrant un bestiaire spectaculaire d'animaux peints, la plus ancienne découverte à ce jour et pourtant réalisée à l'aide de techniques révolutionnaires, a bouleversé toutes les certitudes des spécialistes. Un petit bouquin riche en enseignement ou en révisions, pour tout public !