L'histoire :
Le procès accusant Benjamin a pris fin. Le brillant avocat, descendant d'Edouard de Veyrac, a finalement été levé des accusations de blanchiment d'argent mafieux. Grâce au retour imprévu de Raphaël Steiner, son honneur est à nouveau sauf. Anissa Taniss, jeune avocate et ancienne petite amie de Benjamin, a fui le pays lorsque sa collusion avec la mafia russe a été démontrée. Martin Richemont, le co-gérant du cabinet d'avocats, est toujours introuvable. Benjamin en fait désormais sa priorité absolue : il lui faut retrouver l'homme qui lui a toujours témoigné sa loyauté et sa fidélité. Anissa, quant à elle, tente d'effacer les traces de son implication dans la séquestration de Martin, en débloquant une forte somme d'argent pour le groupe de criminels qui l'ont enlevé sur sa demande. Alors que sur le plan judiciaire les ennuis s'estompent pour Benjamin, la vie de Nathan Steiner va être bouleversée par le retour d'Emilie de Veyrac sur le devant de la scène. En effet, les évènements vont démontrer qu'au delà de ce qui opposait a priori Benjamin et Nathan, il existe un lien qui a traversé l'histoire. De l'approche personnelle des descendants lointains va dépendre l'honneur de deux familles aux histoires complexes, séparées par la guerre.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'Ordre de Cicéron est l'ultime œuvre illustrée par Paul Gillon, grand dessinateur qui nous a quittés en Mai 2011. Fidèle à un style ultra classique affirmé depuis les années 50, il aura continué à offrir sa plume à des scénarios divers, donnant l'appui de sa notoriété à de jeunes auteurs. Richard Malka, qui scénarise cette saga, entre d'une certaine manière dans cette catégorie. L'avocat touche-à-tout, très présent sur la scène médiatique (il défend DSK, entre autres...), nous fait benéficier de son expérience en tricotant une intrigue crédible au cœur de cabinets internationaux. Il y ajoute un intéressant contexte historique et familial qui donne une belle épaisseur à cette histoire aux enchevêtrements complexes. Tout ce que fait Malka dans le domaine de la BD n'est pas aussi travaillé (loin de là, si l'on songe notamment à La Pire Espèce), mais l'Ordre de Cicéron reste cohérent. La cloture de la saga ne déçoit pas, gardant jusqu'à son terme le sérieux et le temps nécessaire au déroulement de ses évènements. On pourrait argumenter que ce quatrième tome n'était pas absolument nécessaire, mais il semble bien que le scénariste voulait aboutir, dès le début, à une conclusion somme toute humaniste. On réalise cette cohérence en relisant la saga d'une traite, ce qui est de toute façon indispensable pour retrouver les ramifications mises en place à la parution du premier tome... en 2004 ! Le dessinateur Jean-Michel Ponzio, qui a eu la grande élégance d'assurer la succession de Gillon sur ce dernier tome, nous propose un style assez inhabituel pour lui. Normalement adepte d'une technique qui combine efficacement utilisation de personnages photographiés pour ses portraits, et de modèles créés en 3D pour ses décors, il reste ici proche de la ligne classique de son prédecesseur. Ce qui nous conduit à une étrange alternance de nouveaux personnages « à la Ponzio », donc d'après modèles, et d'anciens « à la Gillon », très fortement inspirés des albums précédents. Les deux se faisant étrangement face comme dans la dernière case de la page 13, assez perturbante. Ce jeu d'équilibriste mis à part, le travail du dessinateur et son humble hommage méritent le respect. On remercie les deux auteurs d'avoir mené à terme cette saga, qui ferait d'ailleurs une très bonne base pour une série télé à la française, avec sa dimension familiale et les traumatismes de la seconde guerre mondiale. Avis aux producteurs.