L'histoire :
2067, Applecross, un petit village au nord de l’Angleterre. C’est ici que vit Lawrence, un peu à l’écart du reste de la communauté. Marginalisé par ses pairs parce qu’il conserve trace, dans son immense bibliothèque, des connaissances du passé. Mis à l’écart parce qu’il aime la littérature, ou plus simplement lire. Dans ce village, on n’aime guère ce qui rappelle le monde tel qu’il était avant le grand cataclysme. Il faut dire qu’ils ont payé, il y a 50 ans, le lourd tribut de la modernité : le pays dévasté par une catastrophe, dépouillé de 95 % de sa population ; le village englouti ; une contamination virale entrainant de lourdes mutations chez certains survivants… Alors peu importe s’ils ne savent plus lire, peu importe ce que peut dire Lawrence sur ce qui est réellement arrivé. Car lui sait. Lui possède une carte de l’ancienne Angleterre… Une carte que Keira, une jeune insouciante à qui il apprenait à lire, lui vole pour voir du pays. Il connait si bien ce qui attend la jeune fille hors du village, qu’il ne tarde pas à reprendre la route d’Édimbourg pour tenter de sauver Keira. Cheval et félin pour compagnons. Tempêtes, horde d’enfants sauvages, vieilles connaissances et étonnantes découvertes pour ne pas s’ennuyer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Graphiquement parfaitement conforme à nos attentes, l’entame de cette nouvelle série est un joli cadeau fait à nos petits yeux gourmands. Eric Stalner ne fait pourtant rien d’autre que du Eric Stalner, mais il le fait impeccablement : lisibilité, décors soignés, jeu de la caméra du crayon pour multiplier les angles, facilité à nous mettre le nez dans arbres, fleurs et autres végétaux, jolies pleines planches incrustées judicieusement de 2 ou 3 cases serrées… Bref de l’excellent travail. Tellement joli, d’ailleurs, que le propos futuriste post-apocalyptique exposé s’en trouve peut-être un peu décrédibilisé. Car c’est ici le moteur choisi par le scénariste pour faire rouler son nouveau bébé : une Angleterre fin XXIe siècle, ravagée par un cataclysme issu de la folie exponentielle de l’Homme. Les survivants ont besoin de reconstruire une nouvelle société, sans reproduire les mauvais choix du passé. Evidemment, rien n’est simple et Lawrence, le héros, va devoir s’aventurer dans une partie du pays aux mains d’une populace de gamins muto-contaminés et particulièrement violents. L’occasion pour nous, en tous cas, d’en connaitre un peu plus sur son passé et de découvrir d’étonnantes choses à propos de la catastrophe et de sa gestion. D’abord et surtout construit comme un tome d’exposition, il faudra jouer le « wait and see » avant de se prononcer plus objectivement sur la valeur intrinsèque du récit (4 opus prévus). Habilement délayée (avec quand même un moins pour les dialogues), cette ouverture reste en effet assez classique : prenante via sa fluidité, ses scènes d’actions, ses petits rebondissements (de dernières pages…), mais sans cette touche piquante qui titillerait notre intérêt pour de bon. Reste donc 3 tomes à Stalner pour nous prouver qu’on peut aussi compter sur lui pour nous bâtir (au-delà du contexte) un scénario aussi bluffant que son dessin. A suivre avec attention…