L'histoire :
Tout a changé lorsque, il y a une cinquantaine d’années, l’Angleterre a été ravagée, dévastée, dépouillée de 95% de sa population par un cataclysme sans nom. Seuls quelques uns ont survécu, qui ont peu à peu reconstitué des embryons de communauté. C’est le cas en 2067, dans le nord du pays, à Applecross, où Lawrence s’est fait un devoir de reconstituer une bibliothèque pour conserver le savoir de l’humanité. Il est pourtant contraint de quitter sa retraite pour partir à la recherche de la jeune Keira, qui lui a subtilisé une carte ancienne pour partir à l’aventure et voir du pays. Mais s’aventurer dans la Zone est chose périlleuse. Lawrence le sait, lui qui y a vécu quelques années auparavant : y survivent les hordes sauvages de contaminés. Aussi part-il à la recherche de sa jeune protégée qui n’a pas tardé à se faire capturer par d’étranges soldats. Car contrairement à ce que tous pensent, ils ne sont pas seuls au monde. Pire : ils semblent être le seul pays à avoir été touché, isolé des autres et vendu à une compagnie (Winch) chargée de trouver dans ce vivier des femmes fécondes qui manquent cruellement au reste du monde civilisé. A Édimbourg, Lawrence gagne une grande bibliothèque où il a vécu en communauté quelques années. Le professeur qui a créé ce havre, aidé du Grand Conseil, accepte de lui fournir de l’aide en lui attribuant chevaux, armes et compagnons. Et il est effectivement grand temps : Keira et ses compagnes d’infortune sont promises à de drôles de desseins. Pour autant, rien n’est gagné, les compagnons de Lawrence ont quelques surprises à lui proposer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a récit post-apocalyptique et… récit post-apocalyptique. Incontestablement, en rangeant La route (Cormac McCarthy, puis au cinéma John Hillcoat) ou Walking Dead (par Robert Kirkman, Tony Moore et Charlie Adlard) dans la première catégorie, La zone rejoint le camp du divertissant certes huilé, mais manquant cruellement de piquant. Sans effort, on peut se laisser convaincre et l’opus d’exposition y avait d’ailleurs assez bien participé : contexte, héros à potentiel charismatique, petit mystère et petites révélations, bien que traités de façon très classique, donnaient quand même envie. Dans ce second volet, sur le plan strict de l’histoire, il ne se passe, malheureusement, quasiment rien. L’ensemble se résume à poursuites, trahisons, retrouvailles, rébellions, décisions. Du coup, on regrette qu’Eric Stalner se soit montré aussi bavard en fin de premier chapitre, en nous livrant les éléments qui font finalement (mais peut-être pas définitivement) le sel de la série. Ici, pas grand-chose à se mettre sous la dent en dehors des ressorts divertissants (actions, bagarres, univers...). Le potentiel du personnage de Lawrence est, par exemple, très peu exploité. Les pseudo-rebondissements sont téléphonés, pour un ensemble largement convenu. S’il fallait trouver un intérêt à ce second mouvement, il résiderait uniquement dans sa capacité à préparer parfaitement le tome 3 : confrontation il doit y avoir entre les survivants anglais et la corporation Winch (mais quelle idée a-t-il eu d’utiliser ce nom là ?)… et confrontation lourdement armée il y aura donc. Pour autant la narration est maitrisée, fluide à souhait et la leçon que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, plutôt bien vue. Même topo pour le dessin toujours aussi alléchant, bien cadré, habile à flatter l’œil et malgré tout parfaitement viable au regard du contexte choisi. Bref, loin d’être révolutionnaire et pas forcément indispensable, mais divertissant.