L'histoire :
En son château de Crozenc, le seigneur Hugues vieillissant est sujet à des hallucinations, qui le rendent dangereux. Pour le protéger de sa propre démence, ses proches en viennent à le ligoter sur son lit. Bien loin de là, son fils Sigwald a fait établir un bivouac pour sa troupe, à proximité du « Château du diable ». Ce vertigineux amas rocheux est craint des villageois alentours, qui le croient hanté par Belzebuth. Ce soir-là, sa mère Nolwenn se tient à l’écart, rongée par la dépression. Elle a sans doute des remords sur ses récents agissements (voir tome 23). Or le lendemain, elle reste introuvable. Sigwald trouve donc un prétexte pour s’établir quelques temps dans la contrée : le lendemain, il sauve un gueux d’un lynchage sauvage et se met en tête de lui faire bénéficier d’un procès équitable. Germain – comme se prénomme le gueux – est en effet accusé d’avoir assassiné Floberte, dont il était amoureux, en la poussant du haut du château du diable. Le bailli et le seigneur local semblent tous deux ligués contre lui… et pourtant en un bref interrogatoire, Sigwald se forge la conviction qu’il est innocent. Germain fait un coupable pratique ; reste à comprendre à la place de qui… Sigwald mène donc sa petite enquête, tout en espérant voir reparaître sa mère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entamée en 1986, les Aigles décapitées (oui, on met un E car « une » aigle est un blason) est sans conteste la plus longue série de la collection Vécue. Dans ce 24ème épisode, Michel Pierret propose une nouvelle intrigue qui peut quasiment se lire indépendamment du reste de la série. Pour savoir ce qu’il advient de la « main du prophète » qui tracasse le vieux héros Hugues, il faudra donc attendre un peu. Cette fois, les évènements tournent rapidement au polar, puis donnent lieu à une séquence de procès. Le temps d’une étape au cours de son périple, Sigwald se transforme en effet en détective pour innocenter un pauvre bougre promis à la pendaison. La conjoncture qui l’amène à ce rôle semble certes grossière (sa mère a disparu ; puis hop, elle réapparait)… mais l’enquête en elle-même se laisse suivre sans déplaisir – sans grande passion non plus. Du côté de Crozenc, Pierret résout également en un coup de cuillère à pot la question des troubles hallucinatoires de Hugues… et ainsi, tous les éléments sont en place au terme de l’épisode, pour repartir sur de bonnes bases. Le dessin pro et classique, allié à une narration limpide, placent l’album au niveau du grand-public. Toutefois les bédéphiles avertis et les collectionneurs de la première heure s’agaceront surement du manque d’audace de cette série qui se « ricochetise »…