L'histoire :
En juillet 1830, le peuple parisien chasse un monarque… pour en installer un autre : Louis-Philippe remplace Charles X. Sur les barricades, Benjamin, fils de Ninon Nadal et du colonel Fleury (cf précédent album), sauve la vie d’un artiste peintre, Hippolyte Lecomte, trop occupé par ses croquis pour échapper aux militaires. Quelques semaines plus tard dans son atelier, il partage une bouteille en sa compagnie et tombe en pamoison devant le portrait d’une belle inconnue. Lecomte lui explique qu’il s’agit d’une jeune espagnole, Ana-Luna. La commande passée par son époux, treize années auparavant, lui est depuis restée sur les bras. Et pour cause : après une petite enquête, Benjamin apprend que la belle est morte du choléra avant même l’achèvement du portrait. Véritablement envoûté par ce visage, Benjamin rêve d’elle en princesse égyptienne. Au nom de leur amitié, Lecomte accepte de lui vendre. Quelques années plus tard, le polytechnicien Benjamin encadre en Egypte la construction d’un barrage sur le Nil. C’est alors que son regard croise à plusieurs reprises celui d’une sosie d’Ana-Luna ! A chaque fois, il essaie de l’aborder, mais la belle disparait. Benjamin commence à croire qu’il perd le sens des réalités…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Stimulé par les recherches palpitantes qui ont servi à l’édification du Décalogue, Frank Giroud s’en sert à présent pour scénariser plusieurs histoires, en un ou plusieurs tomes, autour de la famille Fleury-Nadal qui a possédé le livre Nahik. Si l’histoire de cet énigmatique ouvrage et du fameux Décalogue sont intimement liés à celle de la famille Fleury-Nadal, ils ne sont pourtant plus au cœur du récit. Ces artéfacts restent néanmoins les déclencheurs d’une mission professionnelle, puis indirectement d’une rencontre amoureuse pour le nouveau protagoniste du titre, rejeton de la précédente (cf tome1 : Ninon). Car c’est bel et bien en contemplant les esquisses du peintre Desnouette que Benjamin se trouve attiré par l’Egypte. Cependant, les épisodes des Fleury-Nadal peuvent tout à fait se lire et se comprendre indépendamment du cycle du Décalogue. Giroud relègue donc ici thriller au profit d’une trame plus romantique sur un solide cadre historique. Le cadre est celui de la seconde restauration, lors de laquelle un puissant vent d’égyptologie s’est mis à souffler sur la France : c’est l’époque de Champollion et des premières grandes découvertes. Outre ce châssis enthousiasmant, on profite du sens du dialogue toujours remarquable chez Giroud, et d’une quête romantique captivante. Mauvaise nouvelle : il faudra attendre le prochain épisode pour connaître le fin mot de l’histoire… mais bonne nouvelle : c’est (a priori) à nouveau Daniel Hulet qui s’y collera. Car les crayons et les pinceaux de l’auteur d’Extra muros et de Pharaon (tiens tiens…) se révèlent parfaitement adaptés à l’aventure. Feutrées de teintes ocres et sépias, ses aquarelles de l’Egypte (ou du Paris sous la Restauration) sont de toute beauté ! Bref, comme à chaque fois chez Giroud et Cie, on tient en main un bien bel album…