L'histoire :
Nous sommes à Paris, le 18 fructidor de l’an V, alias le 4 septembre 1797. Le régime républicain encore instable, craignant le retour au pouvoir de la monarchie, est sur le point d’instaurer une seconde terreur. Dans la bibliothèque tenue par Charles Nadal, un passionné de naturalisme, son fils Hector interrompt un vif débat politique opposant le journaliste Cazères à l’artiste Clovis Bonnel. Hector demande à Bonnel, ami de la famille, de réaliser un portrait de sa sœur Ninon, depuis peu passionnée de peinture. L’artiste se met à l’œuvre, et lors d’une soirée quelques jours plus tard, Ninon reçoit d’Hector un magnifique portrait d’elle-même. La soirée est riche en joies car elle est également ponctuée par le retour d’Eugène, le frère aîné, capitaine engagé dans les troupes bonapartistes sur le front d’Italie. Hector accueille froidement ce frère, rival dans l’amour qu’il porte à sa sœur, qui vient en outre gâcher son offrande. Mais Ninon sait apaiser les esprits. Quelques jours plus tard, Charles Nadal est arrêté sur dénonciation, pour avoir laissé en consultation dans sa bibliothèque des ouvrages contre-révolutionnaires. Sous l’impulsion de Ninon, la famille se mobilise alors pour le faire libérer, lui et Clovis Bonnel également enfermé, car suspecté d’être royaliste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Frank Giroud a visiblement pris un plaisir certain à l’écriture de son Décalogue, tout comme les lecteurs qui ont acheté la série à plus d’un million d’exemplaire. Après avoir entamé Le légataire, « extension » du décalogue, Giroud développe aujourd’hui sa saga à travers les personnages appartenant à la même famille des Fleury-Nadal, plus emporté par le désir d’étoffer son grand-œuvre à travers l’Histoire de France, que par les aspects commerciaux d’un rebond éditorial. Rappelez-vous : dans le tome 8 du Décalogue, déjà dessiné par Lucien Rollin, deux frères se vouaient une haine féroce. Giroud s’attaque dans ce premier opus à la genèse de cet antagonisme fratricide, trouvant son origine dans l’amour rival, quasi incestueux, qu’Hector et Eugène portent à leur sœur Ninon. Ce faisant, le prolifique scénariste éclaire de manière très didactique une époque trouble de l’Histoire de France : la seconde terreur. Autonome et complet, le récit est à nouveau mis en images par Rollin (Ombres), plus habile à retranscrire l’époque, les décors et les costumes, que sur le peaufinage des visages des protagonistes. A noter : il n’est pas besoin d’avoir lu le Décalogue pour prendre un immense plaisir à lire cette fresque, une nouvelle fois savamment bâtie et palpitante.
