L'histoire :
Mai 2006. Quelque part dans la plaine de Magadi, au sud de la vallée du rift, au Kenya, Sean Monroe s’empresse de ne pas servir de repas à une lionne affamée. C’était pourtant presque jour de chance : le fourgon cellulaire chargé de le transférer vers un nouveau lieu de détention venait de chuter dans un ravin, lui permettant de s’échapper. Et s’il ne finit pas aujourd’hui dans le ventre du félin, il est bien décidé à prouver son innocence en retrouvant le véritable meurtrier de Wanza, celle dont il était éperdument amoureux. Encore faut-il survivre… La lionne n’est pas son seul ennemi. A quelques distances, dans sa superbe villa de Kijambe, son père, propriétaire d’une plantation de café, apprend la nouvelle de la bouche d’un inspecteur de Nairobi. Et ça tombe plutôt mal : Robert Munroe est sur le point de se remarier. Pas sûr que sa future belle famille, dont la fortune est une aubaine pour sauver son entreprise, ne goûte ce nouveau scandale. Il y avait déjà cette histoire de meurtre, la mauvaise gestion du domaine par le fils ainé, l’homosexualité de sa fille, la jalousie de sa maîtresse… Il ne manquait plus qu’une évasion.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ayant tâté l’excellence lors de son précédent forfait (El Niño), on attendait forcément du talentueux duo d’auteurs, une nouvelle invitation à en prendre plein la vue, au rythme d’une aventure bétonnée. Au risque de mécontenter les éternels grognons, le début de cette nouvelle saga familiale est d’une efficacité à faire blêmir les jaloux. Pourtant, à simplement exposer la trame scénaristique, rien ne laisserait présumer une accroche immédiate : les mécanismes utilisés sont plutôt classiques et les plus érudits ne tarderont pas à rapprocher l’intrigue d’une quelconque production. Cependant, il y a le savoir faire et il suffit à peine de 3 ou 4 planches à Christian Perrissin pour nous embarquer sans résistance. Fluide et servi par des protagonistes immédiatement attachants (aux profils marqués), le récit nous entraine entre savane et plantation de café : déboires financiers, remariage, mais surtout évasion et intrigue policière, tissent autour de nous une toile arachnide dont seule l’issue nous libérera. Au-delà du suspens et du savoureux jeu qui s’opère entre les protagonistes, le récit n’oublie pas d’utiliser les problématiques liées au colonialisme. En particulier, la difficile cohabitation entre aristocratie blanche et autres ethnies. Bref, une jolie entrée en matière, pour laquelle le travail de Boro Pavlovic est un excellent atout. A la fois réaliste et charmeur (via cette maitrise innée des contrastes) son trait est une invitation au voyage, à l’aventure, au dépaysement : paysages éminemment sublimes, faune plus réelle que jamais, force des personnages, dynamisme … tout est impeccablement transposé. Un début de saga à dévorer à pleines dents sans plus attendre : les amateurs d’aventures ne devraient pas être déçus.