L'histoire :
Karen vient d'être admise en urgence à l'hôpital de Nairobi, suite à la fusillade dont elle été victime dans le bidonville de Kibéra. Apprenant la terrible nouvelle, son père en informe Victoria, la femme avec laquelle il devait se marier... Sean est quant à lui toujours en cavale, suspecté d'être l'auteur ou l'un des acteurs de la fusillade. L'inspecteur Njoya, qui croit en l'innocence de Sean, va tenter d'élucider l'affaire du meurtre de Wanza en tendant un piège à Ted, le frère de Sean. Qui a tué Wanza ? Quel a été le rôle joué par les deux frères ? La vérité va enfin éclater au grand jour...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après trois tomes captivants, S'il pleut à Kijambe constitue le volet final d'une saga familiale ancrée dans l'Est africain, toujours aussi bien construite, efficace et fluide. Cet épilogue fait la part-belle aux révélations, certaines surprenantes, d'autres plus prévisibles : des hommes de confiance vont se révéler de véritables traîtres, les uns vont persister dans leur cruauté, d'autres vont apparaître (mère des enfants), se révéler ou nourrir quantité de regrets pour ne pas avoir été plus lucides. Une certitude : tous les liens vont éclater au grand jour. Une fois encore, Christian Perrissin montre tout son savoir-faire : découpage efficace, fluidité de l'intrigue, personnages consistants, art maîtrisé du suspens... On pourra juste reprocher deux trois incohérences ou limites qui, de toute façon, ne gâchent en rien le plaisir global (intro peu convaincante ; revirement brusque et improbable des sentiments de Victoria, le coup des menottes dans l'avion ; il est fort ce Sean !). Certes, les mécanismes narratifs utilisés sont classiques, mais parfaitement huilés et digérés. Autre qualité du récit : sa manière d'aborder par petites touches l'histoire coloniale et ses problématiques, sans en faire trop. Après avoir lu la série, les plus curieux auront peut-être l'envie de creuser la question. En tout cas Perrissin et Pavlovic nous y invitent habilement. Enfin, on l'a déjà dit, mais le graphisme de Pavlovic achève de nous convaincre : réaliste, charmeur, avec un soupçon d'exotisme grâce à ses magnifiques couleurs ocre, il invite constamment au dépaysement et à l'aventure tout en nous immergeant dans la réalité urbaine et rurale du Kenya. Voir d'ailleurs la fidélité des décors et les magnifiques perspectives citadines qui plongent dans l'Histoire ou la modernité insoupçonnée des grandes villes africaines. Sans oublier le dynamisme des pages et une belle maîtrise des contrastes pour un polar oscillant entre aventure et tragédie. Aucun doute à l'issue des quatre tomes, Les Munroe, saga attachante pleine de charme, constitue un impeccable divertissement grand public.