L'histoire :
Sean a échappé à l’inspecteur Njoya en se jetant du Magadi train, au niveau du pont de la rivière Turoka. Pendant ce temps, sa sœur Karen s’est aventurée seule dans le dangereux et tentaculaire bidonville de Kibéra, convaincue que le père Causcu serait un refuge idéal pour lui. Pourquoi le père Causcu, « le vieux prêtre blanc » ? Car il est le seul à croire à l’innocence de Sean, que tout le monde accuse du meurtre de sa fiancée à Kibéra. Alors que Karen parvient à retrouver le père au cœur du bidonville, après avoir bravé quelques dangers, celui-ci lui fait de terribles révélations sur la dernière journée de Wanza. Mais peu après, le père décède apparemment de vieillesse dans son sommeil et Karen est enlevée par des habitants du quartier. Apprenant la nouvelle, Sean décide d’aller aider sa sœur en se jetant dans la gueule du loup, Kibéra, là où tout le monde veut sa peau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce troisième tome des Munroe intitulé Les Larmes de Kibéra, le lecteur est invité à flâner là où a eu lieu le terrible forfait, le soi-disant meurtre de Wanza par le mzungu Sean (un blanc). Injustement incarcéré ou victime d’un complot, Sean est fermement décidé à retrouver l’assassin de sa fiancée. Mais il devra pour cela revenir sur les terres originelles du meurtre. Sean recherche donc un assassin, l’inspecteur recherche Sean, Karen aussi, et tous vont se retrouver dans un dangereux bidonville qui risque de pleurer une nouvelle fois. Dans ce tome, on a droit à quelques révélations sur les liens qui unissent le père Causcu, Sean, Wanza et les autres, le père de Sean et son frère étant en retrait. En prime, les scénaristes ancrent leur trame dans les bas-fonds de Nairobi sur un rythme enlevé, le tout sur un canevas de survivances coloniales et de sociologie urbaine, avec des personnages aux profils marqués. Résultat : cette saga familiale aux allures de polar urbain, quelque part entre Dallas et Santa Barbara, continue d’être plaisante. Ni révolution graphique ni révolution narrative ici, mais un joli travail parfaitement maîtrisé et efficace, calibré pour le grand public. Bref la mayonnaise prend facilement. On regrettera juste ce personnage pas crédible pour un sou, trop au service de la démonstration (l’albinos gay). Quant au trait réaliste et sauvage de Pavlovic, il peaufine l’ensemble de belle manière. Au menu donc : aventure, meurtre et suspense pour un résultat toujours plaisant, jamais avare en effets de surprise.