L'histoire :
Rien ne va plus pour Robert Munroe, propriétaire d'une plantation de café à bout de souffle au Kenya : côté business, Robert est obligé d'embaucher 40 travailleurs pour détruire 30 hectares de récolte touchées par un champignon. Or, les finances des Munroe sont au plus bas. Pas grave : Robert a prévu de se marier avec la riche et belle Victoria pour renflouer ses caisses. Mais problème : le mariage est sur le point d'être annulé. La faute au père de Victoria, un pasteur effrayé par la réputation sulfureuse des Munroe et plus lucide que sa fille sur les raisons de cette union. Côté famille, l'ingérable Ted, son deuxième fils, lui apprend la mort de Sean qu'il a vu en plein bush, terrassé par les lions. Pendant ce temps, toujours aux trousses de Sean Munroe, l'inspecteur Njoya tente, quant à lui, d'élucider l'affaire qui avait envoyé Sean en prison. Jugé coupable d'avoir tué sa compagne de l'époque, Wanza, il se trouve en fait que Sean a été sacrifié pour apaiser les tensions entre blancs et noirs, dans le bidonville de Kibera. Bref, les éléments s'acharnent contre les Munroe : Sean, toujours en fuite, est désormais en quête du véritable assassin de Wanza, et Robert Munroe est toujours plus ruiné et désespéré que jamais. Ironie de l'histoire, seul l'inspecteur Njoya, à l'âme de Masaï et connu pour être un incorruptible, paraît à même d'endosser le rôle d'ange gardien et de sauveur des Munroe... D'ailleurs, première lueur d'espoir, Sean est en fait toujours en vie : il a été repéré par un photographe du National Geographic au cœur de la savane...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une mise bouche classique mais parfaitement mise en scène, le talentueux duo d'auteurs revient encore plus affûté que jamais, avec l'envie de tenir en haleine un lecteur qui ne demande que ça. Et premier constat, le rythme ne flanche à aucun moment : le tome alterne scènes de négociation dans les champs, disputes d'alcôves, pourparlers entre journaliste et enquêteurs, et scènes d'action mêlant fauves carnivores et humains démunis. Avec, en toile de fond, des paysages réalistes magnifiques, assortis d'une réflexion sur la survivance des héritages coloniaux au Kenya, ancienne colonie britannique où la ségrégation socio-spatiale est encore marquée et la cohabitation entre Blancs et Noirs plus ou moins heureuse. Deuxième constat : la galerie de personnages, haute en couleurs, insuffle charisme et vraisemblance au récit : Robert, l'affairiste glouton mal en point, son fils Sean, injustement emprisonné et prêt à tout pour lever le voile sur le meurtre de Wanza, l'incorruptible et intègre inspecteur Njoya, et les femmes, alcooliques ou altruistes... Côté graphisme, on sent un sens du détail peu commun, où postures, expressions faciales, fauves et décors ont été minutieusement travaillés. Un beau rendu tout à fait crédible. Mélange de chronique sociale, d'intrigue policière, de thriller, l'ensemble tenant aussi de la fresque géographique, ce deuxième opus confirme la très bonne tenue de la série. Une saga familiale encore une fois bien menée et calibrée, sans défauts et au suspens accrocheur. Dépaysement, exotisme et aventure sont ici les ressorts efficaces d'un récit à la saveur tragique. Un vrai bon divertissement.