L'histoire :
En 1950, le commissaire marseillais Coste a résolu une enquête tordue, qui lui a valu d’être la cible d’une famille mafieuse. On le retrouve 3 ans plus tard émigré à Paris et remis de ses blessures. Avec son nouveau collègue Guérin, il est appelé sur la scène d’un crime : un dénommé Paul Nouzières a été assassiné, d’une balle unique en plein cœur. Coste et Guérin font leur job : ils identifient que l’homme avait de hautes responsabilités au sein du PCF (Parti Communiste Français) il y a encore quelques années, avant de rejoindre un parti dissident, le MRT (Mouvement Révolutionnaire Titiste, inspiré de l’idéologie de Tito). Un maraudeur est alors nuitamment surpris par un voisin en train de fouiller l’appartement du défunt. Il s’enfuit, mais il est identifié. Il s’agit de François Carradec, lui aussi membre du PCF et balayeur au zoo de Vincennes. Coste et Guérin se rendent donc au zoo pour l’arrêter. Mais dès qu’il repère les policiers, l’homme s’enfuit et se cache dans la fosse de l’ours. Coste est obligé de tirer une balle en pleine tête de l’ours pour éviter le pire au jeune homme. Hospitalisé, Carradec nie être impliqué dans la mort de Nouzières. En tout cas, Coste oriente désormais clairement son enquête vers la querelle de partis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cela commence de manière on ne peut plus surprenante. Nous avions quitté notre héros policier inerte dans une mare de sang, dans la dernière case du tome 2, victime de la mafia marseillaise. Or nous le retrouvons 3 ans plus tard frais et pimpant, toujours commissaire de police mais à Paris. Un unique encadré narratif balaie d’un revers de main l’ellipse honteuse : c’est de l’histoire ancienne, il s’est remis, merci bien de vous être inquiété, mais passons à autre chose, voulez-vous ? Car ce qui intéresse le scénariste Philippe Richelle, c’est bien de nous immerger dans une nouvelle enquête, autonome et complète, selon la sauce narrative qui fait sa griffe : un meurtre politique a été commis, on cumule des noms, on relie des éléments, on détricote les mailles d’une nasse entre partis de gauche dissidents. C’est classique venant de Richelle, impeccablement ficelé, mais moyennement passionnant. La déception de perdre les personnages précédemment attachants (la famille de Coste, le collègue tendre avec son chat) y est sans doute pour beaucoup. Il va falloir « apprendre » les nouveaux repères ; et en ce sens, la vie privée de Guérin ne manquera sans doute pas de piquant. Le dessinateur Alfio Buscaglia fait quant à lui son job avec tout le talent qu’on lui connait, un trait d’union visuel entre réalisme et semi-réalisme tout à fait agréable à l’œil, dans tous les compartiments de la mise en scène.