L'histoire :
Le 9 mars 1952, les obsèques de Joseph Staline mobilisent les foules, qu'elles soient volontaires ou contraintes. La course à la succession du « petit père des peuples » est lancée. Plusieurs noms comme Khrouchtchev, Malenkov, Béria ou encore Molotov sont évoqués. C’est sur cet échiquier géant que le colonel Lanovoy est convoqué au Kremlin. Le militaire n’est pas rassuré, car les temps sont aux complots et la convocation d’un colonel de l’armée au Kremlin n’est pas bon signe. À 6 300 km de Moscou, Liberty Bessie a posé son hydravion sur la rivière Dawa à la frontière entre l’Éthiopie et le Kenya. C’est l’urgence absolue. Elle a pour mission de sauver une famille anglaise de l’insurrection des Mau-Maus. Malgré l’urgence et les balles sifflantes tout autour d’elle, Liberty réussit à décoller in extremis, emportant dans sa cabine le couple d’Anglais et leurs deux filles. À Moscou, il est demandé au colonel Lanovoy de poursuivre de manière accrue la formation de pilotes locaux afin d’asseoir le rapprochement de la mère patrie avec l’Afrique selon le souhait de Staline. Il devra rechercher aussi une personne capable d’être le relais de la politique communiste sur place. Le colonel est déjà au fait des qualités de pilotage de Liberty. Cette dernière se sent de moins en moins américaine, depuis qu’elle est sur la terre de ses ancêtres. Une aubaine pour le gradé qui va déployer des moyens afin de l’enrôler...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Liberty Bessie s’offre un troisième opus sur fond de guerre froide. Toujours aux commandes de son Sikorsky S-38 avec une livrée zébrée, la jeune Liberty prend beaucoup de risque pour sauver un couple d’Anglais et leurs filles des mains des Mau Maus opprimés par l’Empire britannique. La femme du couple anglais ne comprend pas cette insurrection, sous prétexte que l’Empire britannique interdit aux noirs l’accès aux centres urbains. Les scénaristes Jean-Blaise Djian et Patrice Buendia gèrent des dialogues qui retranscrivent assez justement les mentalités des années 50. Le personnage de Liberty Bessie s’épaissit un peu plus dans ce troisième opus. Jeune afro-américaine reniant sa nationalité du fait du rejet de sa communauté par le gouvernement en place, elle puise sa force dans les origines de ses ancêtres. Elle va même jusqu’à écouter le chant des sirènes communistes. Le personnage du mécanicien dubitatif sur tout contrebalance la naïveté juvénile de Liberty, offrant ainsi un équilibre au duo de personnages. L’environnement graphique est, comme pour les précédents opus, entre les mains de Vincent, qui offre au lecteur un opus du même tonneau que les précédents, avec une totale maîtrise de l’environnement aérien et des décors. Une nouvelle fois, les auteurs réussissent à poser un cadre historique autour d’un récit dynamique, le tout « empaqueté » dans un environnement graphique de qualité. Le lecteur regrettera peut-être une narration un peu trop linéaire, n’offrant pas de récit secondaire qui apporterait un peu de complexité à l’histoire principale.