L'histoire :
Fin du mois de mars 1944. Les missions au-dessus de l'Italie s'intensifient. Les Red Tails du 332éme effectuent des missions d’escorte de bombardier B25. Alors qu'ils rentrent de mission, le convoi est attaqué par des Messerschmitt nazis. Alors que la confrontation est âprement disputée, Farell pilotant le « Liberty Bessie » se fait prendre en chasse. Les deux avions sont proches et manœuvrent une chandelle. L'acrobatie est risquée, surtout que le premier qui décroche est mort. L'avion de Farell perd rapidement de la vitesse et décroche... A la fin des années 40, Bessie, la fille de Farell, prend des cours de pilotage avec Roscoe, un ami de son père. Un matin, les grands parents paternels de Bessie reçoivent un colis du ministère des armées de la République Française. Dans ce colis, se trouve la médaille de son père avec son matricule. Bessie n'en croit pas ses yeux et se demande comment son matricule a pu être retrouvé en France alors que son avion aurait été abattu au dessus du sol italien. La jeune fille décide de mener l'enquête pour connaître la vérité...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A partir d'un canevas plutôt banal – une jeune fille recherchant la vérité sur son père disparu – les auteurs placent l'histoire dans un contexte racial tendu et ajoutent plusieurs histoires secondaires qui donnent corps au récit. D'un point de vue narratif, il est intéressant de suivre une jeune fille noire qui vit dans un état du Sud en pleine période ségrégationniste. Les premières planches rendent hommage aux Red Tails, les grands oubliés de l'US air force. Ces pilotes afro-américains pilotaient des P-51 Mustangs lors de la campagne de Sicile et ils avaient peint la queue de leur avion en rouge, comme signe de reconnaissance. Or la ségrégation ne sévit pas que dans l'armée, mais aussi dans les villes où les arrêts de bus sont différenciés et signalés « colored » ; le compartimentage des bus empêchant le mélange des populations ou encore les magasins qui se distinguent aussi en fonction des couleurs de peau. Il est à signaler qu'à l'époque cette situation va à l'encontre de plusieurs amendements de la constitution américaine, mais qu'elle est validée par la cour suprême en formulant la doctrine « séparés mais égaux ». Jean-Blaise Dijan et Pierre-Roland Saint-Dizier, les scénaristes, intègrent parfaitement cette notion dans leur récit. De plus, les histoires secondaires, comme le petit boulot de Bessie à Paris, vont très certainement lui apporter des ennuis dans sa quête, ce qui pimente beaucoup l'histoire. D'un point de vue artistique, l'ambiance des villes des états du sud est très bien retranscrite par le dessinateur Vincent. Selon un trait semi-réaliste, ce dernier livre un très beau travail. Les amateurs de combats aériens se délecteront des premières planches avec une très belle représentation des bombardiers B25, des P-51 Mustangs ou les Messerschmitt BF-109.