L'histoire :
A la fin des années 60, Charles Manson fédère une communauté hippie, qui le considère comme étant une sorte de nouveau messie, une sorte de Christ réincarné. Il faut dire que tous consomment régulièrement de fortes quantités de LSD, ce qui altère durablement et profondément la perception de leur réalité et les conduit aux pires déviances sexuelles… et meurtrières. En août 1969, un massacre est perpétré à Cielo Drive (Hollywood) par des adeptes de la « secte » de Manson. Parmi les victimes, se trouve Sharon Tate, actrice en vogue et compagne du réalisateur Roman Polanski. Une enquête est menée par le journaliste Larry Green, du L.A.Times et son assistant Eduardo Chavez. Ils interrogent d’anciens adeptes (des acteurs ou marginaux, qui partagent la mouvance hippie), ou le responsable de l’Eglise de Satan (ancien consultant sur le tournage de Rosemary’s baby). Chacun rapporte la même vision de Manson, qui se positionnait en une sorte de gourou messianique. Ils racontent entre autre que les membres de sa communauté s’introduisaient en douce, la nuit, chez les gens, pour changer les objets et les meubles de place : le but était de créer le désordre. Pourtant, de manière pernicieuse, Manson cultive un racisme virulent à l’égard des noirs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’ambivalence de Manson se fait plus limpide dans le second volume de ce docu-fiction en BD, qui se situe un peu dans la même veine biographique que la collection Serial Killer de Soleil. Comme pour le tome 1, il n’y a pas de véritable intrigue construite et haletante, avec une montée en suspens et un climax… Juste une succession de séquences quelque peu empilées, sans lien direct entre elles, comme autant de pièces de procédure, constituant un dossier à charge à l’encontre de Manson. Or ces séquences mélangent allégrement les époques… et le style de dessin – réaliste – soigné mais très statique, employé par Paolo Bisi a tendance à brouiller les pistes : on peine à différencier les enquêteurs et les témoins, voire à déterminer leurs âges. Le rythme insufflé par Cédric Rassat à la démonstration peine donc à emballer le lecteur, ce qui est dommage étant donné que l’enquête sur ce personnage plus que sulfureux semble très rigoureuse et documentée. Un aspect intéressant, toutefois, est la difficulté réitérée qu’ont les membres de la secte – que Manson considère comme une « famille » – à communiquer entre eux, étant donné qu’ils sont perpétuellement sous l’emprise de LSD. Or, parlant famille, on aurait sans doute aimé en savoir plus sur l’enfance de Manson, afin de mieux comprendre d’où lui sont venu ces idées xénophobes, appréhender sa propension à manipuler son monde. Sans doute l’authenticité des faits imposait-elle ce type de distanciation avec une mise en relief plus spectaculaires et/ou croustillante…