L'histoire :
Tous ceux qui luttaient de manière frontale contre le régime dictatorial de Weissangle sont à sa merci. Ni les intérêts financiers de Loess, ni la volonté de liberté de Linman, ni le courage des résistants de l'ombre qui veulent faire renaître la liberté de l'art, n'ont évité la prison, ou plutôt la reprogrammation mentale. Le professeur Warnier est désormais au cœur de la stratégie du gouvernement, qui veut transformer la créature de l'espace qui avait décimé l'équipe de Ternett industries en arme ultime de contrôle des masses. Mais l'argent de Loess réussit une nouvelle fois des miracles, lui permettant de négocier sa propre liberté et de faire relâcher Linman. Il va utiliser les informations qu'il possède sur les anciens égouts de la ville, pour concevoir un plan qui devrait permettre de renverser le régime en infiltrant le palais des ministères. Les résistants du groupe d'artistes de théâtre qui préparent une représentation clandestine sont contactés pour organiser l'opération. Les auteurs du livre Métronom, la fable illustrée qui critique violemment le régime, se laissent convaincre. Mais le régime est omniprésent. Il va utiliser tous les moyens possibles pour se maintenir en place. Tandis que Radcliff, le policier initialement chargé de débusquer les auteurs de Metronom, s'apprête à jouer sur scène aux cotés de la troupe de résistants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Corbeyran avait soigneusement préparé la conclusion de cette imposante saga en cinq volumes, une véritable super production SF en bandes dessinées. Le lecteur ne sera pas déçu par les révélations de ce dernier épisode implacable, bien évidemment porté par les images extraordinaires de Grun. Le dessinateur tient toutes les promesses de La Conjuration d'Opale, sa première série avec le prolifique scénariste, et fournit un travail qui va encore plus loin dans la richesse graphique. Tout en restant extrêmement lisible, il donne à l'univers de Metronom une personnalité fascinante et puissante, comme en leur temps les décors de Blade Runner. Lorsque Loess et Linman traversent ensemble la ville et empruntent ce tramway aux contours bilaliens, on reste sans voix devant l'investissement artistique. L'humidité est palpable, la dictature suinte des murs des immenses bâtiments. On peut parfois trouver que Corbeyran pourrait apporter plus de soin à ses dialogues, porter davantage d'attention à la crédibilité de certains tournants de son intrigue, mais cette fois la surprise est au rendez-vous et aucune frustration ne nous attend en dernière page. Le prochain travail de Grun sera à nouveau dans l'univers de la SF, avec Sylvain Runberg au scénario, un événement annoncé en 2016. En attendant, Métronom relu d'une traite vous garantit quelques belles heures d'évasion angoissante. Un scénario solide porté par un très grand dessinateur. Un vrai blockbuster d'anticipation.