L'histoire :
Lynn et Floreal Lynman sont entrés en contact avec le professeur Warnier, poussés par le besoin de savoir quelle est la nature de la créature qui a coûté la vie au mari de Lynn lors de sa dernière expédition dans l'espace. L'aide apportée par l'employeur du défunt, le très riche M.Loess, patron de Ternett industries, reste un mystère pour Lynn et Floreal, mais leur soif de vérité l'emporte sur leurs questionnements. Ils sont donc en route vers les usines Ternett, avec le corps en vie de Warnier, isolé dans un sarcophage ultra moderne. Pendant ce temps, autour de la troupe de résistants qui imprime et diffuse les exemplaires de Metronom, la tension est palpable. Installés au cœur de la ville, ils prévoient de distribuer davantage d'exemplaires du comte philosophique qui critique violemment le système dictatorial, créant, l'espèrent-ils, une forme de propagation virale d'un esprit de résistance au sein de la population. Ils bénéficient paradoxalement de l'aide du commissaire Radcliff, pourtant en charge de réduire à néant ces activités illicites, mais qui semble découvrir une liberté nouvelle au contact de ces militants aux objectifs nobles. Lorsque vont se confronter ces destins multiples, des vérités vont voir le jour sur leurs enjeux communs, qui révèleront encore et toujours des luttes de pouvoir...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il fallait que ça arrive, pense-t-on à la lecture de ce quatrième tome d'une série qui avait bien démarré, parvenant à construire autour d'un univers futuriste hyper répressif une trame intéressante et cohérente. Il fallait donc que vienne le moment où la série se met à basculer dans une forme d'accélération de l'intrigue, accumulant les rebondissements lourds et improbables, forçant les personnages à des actions extrêmes dont ils semblent se remettre en moins de deux cases. Pour faire progresser son intrigue, Corbeyran sort l'artillerie lourde et déroule une succession de scènes radicales qui visent probablement à nous rapprocher de la fin de son épopée. Certes, on en apprend beaucoup sur les enjeux de cette société dictatoriale, et une part du mystère de la créature de l'espace est levé. Mais c'est au détriment du rythme et de la tension, remplacés par une suite de scènes d'actions sans réelle surprise, ou de révélations bavardes. Heureusement, la patte graphique intéressante de Grun est toujours là, le dessinateur imprégnant la série d'une atmosphère palpable, sombre et prophétique. Il marque la série de son empreinte, lui donnant un intérêt indéniable. Habile comme à son habitude, Corbeyran nous réserve quand même une jolie scène de fin qui donne envie d'en savoir plus. Elle a le mérite de se dérouler tranquillement sur plusieurs pages, ouvrant la perspective d'un nouveau développement. Mais le risque que cette idée supplémentaire fasse l'objet d'un futur bouclage trop rapide n'est pas forcément en soi réjouissante, tant on aimerait que l'auteur se pose pour creuser des sillons moins nombreux, mais plus profonds.