L'histoire :
Loth et Jezreel sont en route pour Muse, afin de trouver les coordonnées de la Terre qu’ils pensent dénicher sur une statue dans un désert. Ils ne font qu’une confiance mesurée à leurs convoyeurs Fine et June, quand une avarie rarissime les pousse à se poser sur Neo Sparte. Le coût exorbitant de la réparation va obliger Loth à se battre au cours de jeux cruels et sanguinaires, afin de gagner le prix du sang pour réparer et pouvoir repartir. Pendant ce temps, sur Psyché, le vieux sage Aurel et son disciple Shiir sont partis à la rencontre du Vénérable. Sur la planète, les fanatiques de la religion abomite obligent les enfants à porter des masques. L’enfance impure, tentatrice, profane, doit se dissimuler aux yeux des adultes jusqu’à la liberté. Les contrevenants sont crucifiés sur une croix à combustion interne et lente. Les contrôleurs de l’armée néo spartiate lancent partout sur la planète des Lib-scans, mouchards ailés, pour retrouver Aurel et Shiir. L’étau se resserre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
De la SF et de la vraie. Dans la plus pure tradition du style, l'avocat-scénariste Richard Malka nous livre une saga avec de l’anticipation et de l’inventivité (les lib-scans, drosophiles électroniques qui mouchardent les humains grâce aux phéromones qu’ils émettent ; l’implant de processeur de suicide dans le cerveau pour rendre illisibles les données…) et de la philosophie (Carl Jung est encore omniprésent, il est même cité en clin d’œil dans la bibliothèque sauvée par les sages au fil des siècles ; la critique des religions obscurantistes, etc.). Ce troisième tome est une charnière dans la narration puisque la traque des deux héros s’intensifie et les méchants se rapprochent. Ils se rapprochent de Loth et Jezréel et attrapent carrément le sage Aurel et son ami le vénérable. C’est un opus où l’espoir s’amenuise. L’espoir dans l’humanité est faible, avec en témoignage la planète des guerriers, brutes sanguinaires écervelées et celle des religions où les fanatiques s’auto-exterminent pour prouver leur propre force. L’espoir nous quitte peu à peu pour disparaître presque entièrement à la fin, rappelant l’Empire contre-attaque… Comme dans les précédents tomes, le dessin de Juan Gimenez, opulent, oppressant, nous met tout de suite dans une ambiance cyberpunk qui doit normalement ravir les lecteurs de Philipp K Dick, et même peut-être les petites filles amoureuses de Keanu Reeves. Chamboulé dans la tête par l’avocat de Charlie Hebdo et de DSK, cogné au ventre par le dessinateur de la Caste des Méta-Barons, on ne peut assurément pas sortir de Segments indemnes.
