L'histoire :
Dans un futur lointain, la Terre-mère n’est plus qu’un astre mort. Les terriens ont été ravagés en quelques semaines par une grippe virulente, que leur organisation sociale n’a pas été capable d’endiguer à temps, en raison de sa corruption et de ses perpétuels conflits intestins. L’humanité a toutefois survécu sur les colonies spatiales, en s’organisant en une Union Galactique des Fonctions Segmentées (UGFS). C’est-à-dire que les hommes y sont répartis sur 7 planètes différentes, par grands « segments » psychologiques, définitivement déterminés à l’âge de 7 ans. Stakan regroupe les individus orientés vers la production et le travail ; Lexipolis est le secteur de l’ordre (police, justice) ; Muse celui de la créativité (arts, science) ; Psyche celui de la spiritualité (religions, philosophie) ; Mercante celui de l’échange (commerce, banques) ; Neo-Sparte celui de la guerre ; Voluptide celui de la jouissance (sexe, drogues, jeux). C’est sur cette dernière planète qu’ont réussi à fuir Loth et Jezréel, deux jeunes rebelles en fuite. Condamnés pour refuser le système, ils veulent rencontrer Eleazor, le premier bibliothécaire, celui qui connait l’origine des 7 guides immortels. Ils pensent en effet qu’en supprimant ces guides, l’épidémie de stérilité qui menace l’humanité sera identifiée et qu’elle pourra être éradiquée. Ils ont les troupes de Néo-Sparte aux fesses et n’ont que deux mois pour y parvenir, avant que le fléau ne soit irréversible…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Segments, Richard Malka poursuit une vaste et ambitieuse saga de science-fiction, abordant les meilleurs aspects politiques et technologiques inhérents au registre. A l’origine, le scénariste est aussi un avocat (célèbre : il défend DSK !) et assurément ses deux casquettes nourrissent réciproquement ce qu’on pourrait définir comme une quête du grand mystère de l’homme. Ici, Malka place en effet l’humanité à l’échelle de l’univers et interroge aussi bien le grand loin géographique que les profondes racines de l’âme humaine. Pour ce faire, Malka s’est entouré des services d’un dessinateur éminemment spécialiste des architectures et vastes espaces futuristes : Juan Gimenez (La caste des Métabarons). Dès lors que le scénario devient spectaculaire – et il a moult occasion de l’être – le dessinateur montre toute l’étendue de son talent. Il est en revanche moins appliqué sur les séquences transitoires d’éclaircissements ou de palabres. Pour entrer dans le détail de ce second volet, notre couple de héros adopte le rôle des rebelles insaisissables, qu’une autorité « fasciste » ne parvient pas à saisir. Ils n’ont que deux mois pour sauver l’humanité, à la fois sur le plan organique (enrayer l’épidémie de stérilité) et moral (le segmentisme est-il une bonne organisation sociale ?). La construction narrative mélange donc du Star Wars, à 24h chrono et aux archétypes psychologiques définis par Carl Gustav Jung. Au climax de l’épisode, l’info majeure est apportée par la révélation sur la fin des terriens. Nos héros mettent alors le cap sur une autre planète et nous donnent rendez-vous au prochain tome pour la suite de leur passionnante quête…
