L'histoire :
Au début des années 1990, un jeune latino du nom de Chicuey est transféré dans la prison de Los Angeles. Son codétenu Isiah, un jeune afro-américain, n’est pas enclin à accepter un membre d’une communauté différente de la sienne. Les deux hommes se jaugent dans le silence, jusqu’à la sirène indiquant le début de la sortie dans la cour. Les différentes communautés sont représentées et se regroupent par clan. Le terrain de basket est le seul lieu de confrontation. Les mauvais coups s’échangent sous les yeux des matons impassibles. Chicuey ne parle pas et – fait particulier – il ne ressent pas la douleur. Son codétenu va s’en rendre compte lors qu’il va lui mettre une dérouillée à cause d’un tour de passe-passe sur le terrain qui a ridiculisé un membre de sa communauté. Une fois le round d’observation passé entre les deux hommes et vu le talent de Chicuey, Isiah l’accepte dans son équipe, quitte à se mettre à dos un ou deux membres de sa communauté. Les deux hommes vont se battre comme des lions pour s’ouvrir les portes des recruteurs et de la grande ligue, la NBA.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le thème principal de la série est plutôt bien trouvé, dans le sens où le lecteur peut suivre le parcours chaotique d’un jeune latino issu d’une famille vivant en pleine guerre des gangs. Sorti de la rue par la case prison, Chicuey va gravir les échelons non sans embûches et coups-bas pour se faire observer par les recruteurs. Le petit plus qui rend le personnage intéressant est le fait qu’il ne parle pas et qu’il ne ressent pas la douleur. Ces deux points sont une réelle contrainte pour les auteurs qui sont donc obligés d’employer d’autre moyens pour rendre le personnage intéressant et captivant. L’ambiance carcérale et le clivage communautaire est aussi bien décrit dans l’album, même si le recrutement de Chicuey le latino dans l’équipe des afro-américains transgresse les codes carcéraux (même si possible). Au niveau du dessin, l’aspect anime japonais des années 90 est très présent. Le style graphique est fortement tourné vers le dynamisme et la vitesse. Les scènes de jeux sont fluides et l’auteur utilise des artifices particuliers, comme des dédoublements de main ou des longs floutés sur les joueurs, pour matérialiser les mouvements. Au niveau de l’intégrale, Glénat a compris que le lecteur attendait du contenu exclusif par rapport à l'empilement bout à bout des trois tomes. L’intégrale est donc agrémentée de quelques pages crayonnées, de recherches graphiques, de l’interview des auteurs sur leur travail, ainsi que quelques fausses publicités. Ainsi, même si vous avez acquis les trois fascicules initiaux, l’intégrale apporte un petit plus à l’univers Silencio.