L'histoire :
De nos jours, Nick Barberon, un riche artiste-peintre américain, profite d’une généreuse donation au Château de Versailles pour bénéficier d’une visite privée des lieux. Il explique à son guide, le conservateur du château himself, qu’il se sent ému par les fastes de ce palais, notamment parce qu’un de ses ancêtres a jadis vécu à la cour de Marie-Antoinette. Vue sa profession, le conservateur l’emmène aussi dans une pièce secrète, où sont entreposées des œuvres non exposées au public. Nick se trouve alors particulièrement fasciné par une toile représentant une belle et anonyme camériste en robe rouge, posant devant un bouquet d’immortelles (des fleurs), une pendule et une curieuse porte ouverte. La réunion de ces éléments le questionnent… il demande à son guide pour rester moment seul à contempler la toile. Le conservateur le quitte quelques secondes avant midi, ce qui coïncide avec l’heure affiché par la pendule. Nick a une impression de « déjà-vu » et il constate avec stupeur que les aiguilles du tableau bougent ! Il perd alors connaissance. Quand il revient à lui, il est en 1789, perruqué, à la cour de Louis XVI : il est dans la peau de Nicolas de Barberon, son ancêtre ! Il se découvre rapidement un ami, le chevalier de Maison Rouge, qui est aussi l’amant de Marie-Antoinette. Or le roi cocufié entend bien faire payer ce faquin courtisan pour sa relation hardie : il paye un sbire balafré, Enguerrand de Perdignac, pour assassiner de Maison Rouge…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La plus-value de ce second ouvrage consacré à Versailles ne se situe pas dans l’aspect science-fictionnesque et n’emballera donc pas les amateurs des voyages spatio-temporels. Le retour dans le passé et ses inconditionnels paradoxes sont en effet classiques dans leur forme et un peu « faciles » dans la mécanique. Le procédé permet avant tout aux scénaristes Didier Convard et Eric Adam de proposer une visite astucieuse et décalée du Château de Versailles, qui ne soit pas alourdie par les usuels apartés pédagogiques. L’ombre de Marie-Antoinette participe en effet d’un travail de commande, un triptyque (trois aventures auto-conclusives) cofinancé par Glénat et l’Etablissement Public, mettant en valeur ce trésor du patrimoine mondial. Catapulté plus de 2 siècles en arrière, notre héros contemporain et américain s’adapte très vite à sa nouvelle époque, afin de mieux nous attacher à ses amours, ses manigances, ses duels à l’épée… Et pourtant, en marge de découvrir les fastes de Versailles, au gré de l’intrigue prenant pour cadre les dernières heures de la monarchie absolue française, nous révisons également les grandes étapes de la Révolution Française et du délitement de la cour : du Serment du Jeu de Paume (le 20 juin 1789) à la décapitation de la Reine (le 16 octobre 1793). Au dessin, Eric Libergé ne ménage pas sa peine pour retranscrire avec moult détails tous ces épisodes : le palais est resplendissant du temps de la cour, le peuple colérique est d’autant plus hargneux qu’il est nombreux, les trognes patibulaires, les tenues élégantes… Saut spatio-temporel réussi.