L'histoire :
Tif et Tondu marquent une halte devant un poste de frontière, dont l'existence leur avait échappé jusqu'à présent. Un peu stupéfaits, ils quittent leur Narval lorsqu'ils constatent qu'aucun agent ne les accueille. Les deux amis décident de laisser leur voiture et de passer la frontière à pied, pour rejoindre le petit village à proximité immédiate. Tout y est calme. Anormalement calme, car il n'y a pas âme qui vive. Il est logique de croire le village abandonné. Ces drôles de circonstances poussent Tif à entrer dans une maison, apparemment ouverte aux quatre vents. Mais le chauve perd aussitôt la trace de son ami, alors que dehors, c'est une véritable pluie de pierres qui s'abat dans les rues ! Tif commence à sérieusement paniquer lorsqu'il s'aperçoit qu'une lumière vient de s'allumer dans une pièce, qui contient une grande armoire. Lorsqu'il s'en approche, il y découvre un mot qui mentionne : « Ouvrez la porte et vous comprendrez ». Quelle n'est pas sa surprise de tomber nez à nez avec Monsieur Choc !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaque série a ses albums phare, ses incontournables, parce qu'ils réunissent des qualités remarquables. C'est le cas de cet album, dans lequel Maurice Rosy a introduit des éléments fantastiques particulièrement inquiétants, qui s'éloignent très nettement de l'humour hérité des Pieds Nickelés. En effet, le lecteur va être plongé dans une histoire intrigante car Monsieur Choc a inventé une machine grâce à laquelle il peut pénétrer et contrôler les rêves ! Le Grand Combat marque une cassure nette avec l'humour bon enfant de la série. Il faut dire qu'à l'époque (1967), la BD Franco-Belge est en pleine mutation. Ce n'est plus un support aussi naïf qu'avant, car elle ne se limite plus à viser les plus petits lecteurs. Les temps ont changé : la voiture et l'avion sont devenus des moyens de locomotion quasi ordinaires, la télé et la radio se démocratisent, c'est le début de la société de consommation et des loisirs... Maurice Rosy, la « boîte à idées » de Dupuis, souhaite véhiculer dans la BD cette modernisation de la société. Le voilà donc qui écrit un récit faisant appel à l'onirisme, tellement étrange qu'il va peut-être angoisser les plus jeunes lecteurs, ou au contraire les fasciner. Lors de sa parution dans le journal de Spirou, les réactions sont immédiatement contrastées : certains adorent, d'autres détestent. On trouve encore aujourd'hui parmi les fans de la série matière à débat ! Quoi qu'il en soit, Will fait une fois de plus des merveilles en illustrant avec maestria cette étrange histoire. Les décors et les déclinaisons chromatiques vont encore plus souligner l'ambiance parfois surréaliste de cet album magistral. Sa couverture, particulièrement représentative de l'art moderne, en est le meilleur exemple !