L'histoire :
Tous les dix ans, Bagdad est en émoi car de nouvelles élections sont organisées pour connaître le nouveau Calife. Haroun El Poussa remet en effet son titre en jeu… mais en réalité, les élections sont faussées, puisqu’à chaque fois, il est le seul à se présenter. Dans le même temps, le vizir Iznogoud tente par tous les moyens de prendre la place du Calife : il consulte le vieux mage Al Dih, en vain. Puis il rend visite au mystérieux Lakan. Ce dernier sème le trouble dans le royaume, car il a une grande influence sur ses patients, qui changent ensuite de voie après l’avoir consulté. Lakan révèle à Iznogoud qu’il ne veut être calife à la place du calife que pour compenser sa petite taille et se sentir plus important. Loin d’être satisfait, Iznogoud tente de faire empaler l’insolent, mais plus aucun bourreau ne veut faire son office après avoir utilisé les services de Lakan. Cependant, les choses vont s’arranger pour l’immonde Vizir : dans sa grande bonté, Haroun El Poussa veut rendre le pouvoir au peuple en faisant une véritable élection démocratique. Il lui faut donc un adversaire pour se présenter et il a bien entendu choisi Iznogoud ! Le Vizir va donc tout mettre en œuvre pour renverser la popularité du calife, s’octroyer les faveurs des sondages pour gagner les élections et devenir enfin calife à la place du calife…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la disparition de son dessinateur Tabary, Iznogoud revient. Son fils, qui avait déjà illustré les aventures du détestable personnage au côté de son père, reprend le flambeau au côté de deux humoristes connus de la télévision : Nicolas Canteloup (le célèbre imitateur) et Laurent Vassilian (co-auteur des Guignols de l’info et complice de Canteloup dans ses sketchs). Ce tome est résolument moderne et enchaîne les blagues sous fond de culture très tendance : une chèvre, s’appelant Fez-bouc parle et dit « I like » à chaque case ; la Truie-Teur ne jure que par les mails ; les Guides Pachydermes Spécialisés sont les GPS d’époque… Les calembours et jeux de mots sont légion et les noms des personnages sont l’occasion de multiplier les trouvailles « humoristiques ». Malheureusement, cette succession de blagues potaches finit par lasser, tant les effets sont faciles. Les auteurs ont surtout mis l’accent sur l’actualité en comparant le Vizir à notre actuel président Nicolas Sarkozy. C’est l’occasion de tailler un costard aux hommes politiques de tout poil en mimant toutes les étapes des élections présidentielles telles qu’on peut les connaître en ce moment. Izgonoud n’oublie ainsi aucune manipulation pour remonter dans les sondages : se trouver une belle femme, aller de marché en marché pour serrer des mains, faire de grandes promesses électorales. Avec un certain talent, Canteloup et Vassilian parviennent à réinvestir tous les évènements de l’actualité en les caricaturant (Haroun El Poussa fera même la une des journaux pour avoir été surpris dans les bras de la courtisane… Zalhia !) . Malheureusement, là encore, le rythme des allusions et des parodies est bien trop frénétique. Malgré une certaine cohérence dans le scénario, l’épisode est un fatras d’’humour sans retenue ni finesse : le but étant d’en faire des tonnes en peu de pages… Donc bien loin de la science du gag du maître Goscinny. Le dessin est toutefois très agréable et le fils Tabary rend un bel hommage à son père en se montrant digne de son aîné. Dynamique, vivant et bien travaillé, le graphisme ne marque aucune rupture avec la série, bien au contraire il la modernise. Comme son titre l’indique, Iznogoud a pris un drôle de virage et perd son humour corrosif à force de clowneries et de jeux de mots faciles. Ici, l’humour, malheureusement, is no good.