L'histoire :
C’est jour de fête dans le califat du bon Haroun El Poussah : on s’apprête à glorifier le grand vizir Iznogoud, celui qui, dans quelques instants, deviendra le nouveau Calife de la région. Comment cela est-il possible ? De quelles viles ruses le fourbe ambitieux a-t-il usé pour destituer son maître ? Il faut faire un petit retour en arrière de quelques jours pour comprendre comment on en est arrivé là… Neuf jours précisément, alors que le bon calife accueille une délégation d’un pays voisin. Au cours des échanges cordiaux qui suivent, Haroun El Poussah et Iznogoud apprennent de leurs hôtes qu’une coutume de leur pays permet une alternance au pouvoir toutes les 1001 nuits (2,74246 ans). A cet instant les 2 cerveaux ont la même idée : l’un, las du pouvoir, et l’autre, envieux depuis des lustres d’y accéder, aimeraient voir cet usage s’appliquer dans leur propre pays. Accompagné de son fidèle serviteur Dilat Larath et de quelques improbables agents de ses services de renseignements, Iznogoud doit rapidement annexer un territoire. Il a, en effet, découvert dans un texte en vieux Charabia qu’une loi identique à celle en vigueur dans le pays voisin, lui permettrait de remplacer El Poussah. Une condition préalable est néanmoins nécessaire : il faut déjà avoir trôné à la tête d’un pays (même le plus insignifiant). Qu’à cela ne tienne, rien n’arrête un grand vizir ambitieux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis 1962, un petit brun au nez crochu et au turban vissé sur le crâne, trépigne de case en case pour arracher son califat à un paisible et naïf gros nounours que rien ne semble pouvoir déstabiliser. En plus de 40 années et 27 albums, Haroun El Poussah et son Grand Vizir Iznogoud nous ont amusés au détour de situations loufoques et grotesques, qui utilisaient une recette infaillible : un humour à base de calembours fins et imagés, saupoudré d’une folie « de Funesquienne » qui mettait en échec les tentatives de putschs et autres diableries. Le tout agrémenté d’un trait vif et trépidant, au tempo de l’excitation de son héros. Dans ce 28e opus, on utilise les mêmes ficelles, mais avec nettement moins de maestria, faisant de l’ouvrage une pâle copie des précédents. En reprenant la série de leur papa et du regretté René Goscinny, les enfants Tabary se sont, à l’instar de leur héros, pris les pieds dans le tapis (persan) : on ne devient pas aussi facilement Calife à la place du Calife ! Car si l’objet ressemble à ses prédécesseurs, il est loin d’en avoir les qualités. On regrettera, par exemple, sa quasi illisibilité : des cases surchargées de textes, aux jeux de mots désolants et prétextes à logorrhées. On s’exaspérera des interventions « cheveu sur la soupe » des auteurs mis en case ou des pères de la série. Tout cela donne l’impression que les Tabary juniors se sont rués sur l’occasion qui leur était donnée de s’exprimer, sans se préoccuper de l’incommensurable fouillis de leur production. De là-haut, René Goscinny doit regretter le jeu de mot qui a donné patronyme à son héros, tant il sied à merveille à ce dernier album : un petit Iznotsobad lui aurait peut-être porté chance…