L'histoire :
Toujours plus fort, même lorsqu’il quitte ses montagnes pour aller au bord de la mer, ce bon nounours de Barnabé ne peut s’empêcher de jouer avec les éléments : une sculpture de sable anodine, qu’il laisse subtilement lécher par les vagues, pour que de femme la sculpture se transforme en sirène en un instant… Encore plus fort : lorsque de retour dans ses hauteurs, il propose une course, muni de skis, à son copain Renard, pourtant habile à l’exercice. Hasard ou ruse, le voila qui trébuche et, transformé en énorme boule de neige, gagne facilement son défit. Définitivement plus fort, le voila qui déambule en plein désert, muni d’un parapluie qu’il dit devoir utiliser pour combattre la soif (???). Et effectivement, lors d’une rare averse le voilà qui ouvre et retourne l’ustensile pour s’en faire un énorme réservoir prêt à étancher la soif d’un régiment entier… Peut-être fort, en tous cas incontestablement jamais pris au dépourvu.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auréolée du prix des écoles d’Angoulême au FIBD 2011, la série crée par Philippe Coudray en 1980 nous revient avec un 13é opus de nouvelles Barnaberies. Toujours sertie par un fort potentiel pédago-éducatif (on n’est pas prix des écoles pour rien !), cette nouvelle salve est un régal pour les amateurs d’humour intelligent, de logique implacable, de philosophie naïve ou de décalage burlesque savoureux. Du coup, le nounours, frais comme un gardon malgré ses 30 années de turbin, réitère l’exploit de plaire à la famille entière : la petite dernière qui ne sait pas encore lire foncera tête baissée dans les gags au 1er degré ; son ainée s’amusera avec fierté de découvrir quelques subtilités, tandis que les parents souriront de voir manier avec autant d’évidence les travers de notre monde dit civilisé. Toujours rythmé par des saynètes ultra courtes (3 à 6 vignettes) et souvent quasi-muettes, l’ensemble nous installe auprès du plantigrade, pour une grande leçon de débrouillardise et d’adaptation, capable de trouver une explication ou un intérêt à n’importe quelle situation. On s’étonne d’ailleurs qu’en 30 années et 13 albums, Philippe Coudray parvienne à décliner l’exercice avec autant de brio. Nul doute que la fée qui s’est penchée sur son berceau lui ait donné un sens hors norme de l’observation, tout en lui laissant la possibilité de garder des yeux d’enfants. Confiné à une lisibilité sans faille et accessible dés le plus jeune âge, le dessin adopte la bonhommie adéquate, rendant définitivement cet Ours Barnabé indispensable.