L'histoire :
Barnabé se balade tranquillement lorsqu’il se retrouve truffe contre museau face à un lion, semble-t-il, un brin affamé. On a beau être un gros ours bien costaud, on craint le lion. Et on préfère avoir la sagesse de courir le plus vite qu’on peut. A moins, à moins... de plonger dans ce joli bosquet de cactus particulièrement épineux pour se convertir en ours-hérisson. Et faire reculer ce gros lion trouillard comme tout…
Voisin Renard demande à Barnabé du dessus s’il peut arroser ses fleurs pendant qu’il s’absente quelques temps. Comme ce n’est pas demain la veille que notre sympathique gros ours refusera de rendre service, il se met à l’œuvre illico en vidant un arrosoir depuis la fenêtre de son appartement. Copieusement arrosées, les fleurs de Renard s’élèvent joliment pour que, lors de son retour, ce dernier s’aperçoive que, désormais, si son voisin d’en haut profite des pétales, il devra, lui, se contenter uniquement de tiges élancées…
Barnabé reçoit pour un petit repas entre amis. Ce qui est cependant particulièrement dommage, c’est qu’il ne fait pas beau : un gros nuage s’est encastré sur la cime d’une montagne. Croyez-vous que Barnabé s’arrêtera à cet inconvénient ? Il lui suffit juste de grimper au sommet et d’arracher la pointe du massif pour que, enfin transpercé, le nuage laisse passer un rayon de soleil jusque devant sa maison...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
15 albums au compteur, des publications en Chine et aux Etats-Unis (avec un beau 10.000 exemplaires pour le 1er tome), une double nomination aux Eisner Awards et une critique unanimement convaincue des bienfaits de sa poésie ou de sa philosophie… Notre Ours Barnabé pourrait se prendre pour une vedette, se la couler douce et avoir à son tour l’envie de voir son nom briller en lettres d’or ou l’empreinte de ses paluches marquer le ciment. Mais pas question ! Il retourne au charbon, histoire de nous enfoncer une bonne fois pour toutes dans le crane, que dans ce monde parfait, on aura toujours besoin de profiter de son sens aiguisé de l’observation ou de sa logique à tout épreuve pour casser notre routine avec un génie évident. Grands et petits y retrouveront donc une nouvelle fois leur compte, au rythme d’une quarantaine de « problématiques » résolues par notre plantigrade, en 2 coups de cuillères à pot (de miel). Des parapluies gigognes, des barques embarquées au fond de l’eau, des croisements de files d’attentes, un Yéti ou de la télévision Picasso, s’évertueront une fois encore à mettre sur un piédestal l’intelligence naïve, en donnant des grands coups de pieds dans l’arrière-train de notre matérialisme adoré. Pas hilarant, pas toujours capable de renouvellement, mais si impeccablement habile à nous déconnecter ou de se mettre à hauteur d’enfants, ce quinzième tome fait du bien. L’essentiel, non ?