L'histoire :
Comanche et ses hommes doivent compter le bétail. En effet, les travaux de chemin de fer s'intensifient, il va bientôt y avoir plus de mille travailleurs à nourrir. Sans compter qu'un jour, le ranch fera fortune, lorsque la voie ferrée passera à Greenstone Falls. L'avenir s'annonce donc radieux au triple Six. Pourtant, une flèche vient interrompre les doux rêves de fortune. Une troupe d'indiens dirigée par Tasunké-Najinn, dit « Cheval Debout », vient parler à Comanche. Les cheyennes sont affamés et refusent d'obéir au traité qui est censé les maintenir à l'intérieur de leur territoire. Les hommes blancs ne viennent plus leur donner de ravitaillement et leurs terres ne produisent que peu de choses. Cheval Debout a donc décidé de se servir et il prend de forces quelques bêtes du ranch. Comanche ne veut pas se laisser faire. Avec Red Dust, elle se rend au camp des cheyennes pour parler à leur chef, Trois Bâtons. Les palabres sont longues, mais Trois bâtons et Red Dust finissent par prendre une décision : Red ira négocier auprès des affaires indiennes à Arrow Creek. S'il revient sans nourriture après trois jours, les cheyennes tueront Comanche et attaqueront le ranch...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La réédition des Comanche continue avec ce deuxième tome. Et un thème classique du genre western est abordé ici : les Indiens, ces fameux guerriers du désespoir. Les tensions naissent à partir de la construction d’un train, la guerre explosera ensuite entre les cheyennes et les cow-boys. Le ranch Triple Six se retrouve au milieu de ce conflit à cause de son bétail convoité par tous. Si le scénario de départ n’a rien d’original, c’est le traitement accordé à l’histoire qui est remarquable. Greg mélange subtilement actions et dialogues riches entre les personnages, de sorte qu’on se sent comme immergé dans un film de John Ford. La psychologie des personnages est subtile, or ce tome présente une galerie impressionnante de nouveaux protagonistes : le vieil ivrogne Pharaon, le colosse Keenan, le major Gibbons et bien évidemment les Indiens. Rarement, les Peaux Rouges n’auront eu autant de vies avec le vieux sage Trois Bâtons et ses fils aux caractères bien différents. Les dialogues entre hommes blancs et cheyennes sont remarquables d’intelligence et de finesse. Greg apporte également une vision sociale réaliste, sans verser dans le manichéisme : les Indiens ne sont pas totalement innocents et la misère se retrouve des deux côtés des camps, Indiens comme ouvriers de la compagnie ferroviaire. Avec ce tome, Greg place sa série entre le génial Blueberry et l’humanisme sensible de Buddy Longway . Les clins d’œil à Jean-Michel Charlier sont nombreux, cet album réunit en un seul tome le cycle de Fort Navajo ou du Général Tête Jaune. Comment ne pas penser aussi à Mac Clure avec ce pauvre bougre de Pharaon et à l’Aigle Solitaire avec le volcanique Feu Solitaire ? Hermann n’a rien à envier à Jean Giraud, son dessin est de toute beauté. Les couleurs s’adaptent à la terre des Indiens dans des touches ocre délicates et fascinantes. La dernière planche est une représentation mémorable du Triple Six. Red Dust annonce une rencontre avec les bandits Dobbs : « Je sens que j’aurai bientôt rendez-vous par ici ». Tu ne crois pas si bien dire, Red Dust, ton chemin va croiser plus vite que tu ne penses la route des abominables frères Dobbs…
