L'histoire :
Rebecca, 6 ans (bientôt et demi) est une petite fille joviale qui n’a pas de chance : non seulement elle est souvent malade, en raison de défenses immunitaires un peu faibles, mais en plus, son papa et sa maman se crient tout le temps l’un sur l’autre. Résultat, le papa dort la plupart du temps chez son frère (qui se trouve, ça alors, être aussi le tonton de Rebecca !), et la maman passe de plus en plus de temps au téléphone avec un nouveau prétendant, Sam. Rebecca refuse en bloc la potentialité d’une telle liaison, et tente par tous les moyens d’empêcher le divorce. Or, même si elle est assez soudée avec sa grande sœur Coralie, ce n’est pas la mentalité rebelle de cette dernière qui l’aide beaucoup à surmonter cette épreuve. Aussi, pour se divertir alors qu’elle doit souvent rester cloîtrée à la maison, elle passe son temps à jouer avec son nouveau copain, Ernest. Ernest, pour Eruditus Rarum Novicius Eczema Staphylocoque, est un microbe polymorphe, vert et super chaleureux. Il est persuadé que Rebecca ferait elle-même un excellent virus, et il tente de lui inculquer les rudiments de la profession…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Derrière ses allures de BD jeunesse acidulée, ce premier tome d’Ernest et Rebecca s’impose comme une idée originale et intelligemment exploitée. De loin, en effet, Ernest et Rebecca forment un « duo ménager » dans la veine des Boule et Bill ou Cubitus et Sémaphore ; mais dans les faits, ce couple joyeux et turbulent est tout de même composée d’une petite fille gravement malade et… de son virus ! Cette entité schizophrène et néanmoins souriante, visuellement entre le Barbapapa et le Snorkies, peut se transformer en n’importe quoi (eh oui, un virus, ça mute !). Et bien sûr, il incite joyeusement Rebecca à faire plein d’imprudences (du genre à prendre un bain de soleil sous la neige), toujours dans la joie et la bonne humeur. En marge de la dédramatisation d’une maladie immunodéficiente, cette nouvelle série véhicule un second propos, à travers le ressenti du divorce chez une fillette de 6 ans. Le scénariste Guillaume Bianco (Will, les Crashmonsters) trouve là un concept assez novateur, abordant sans complexe des sujets peu évidents, les rendant au travers de dialogues simples et vrais, accessibles à tous publics. Enfin, en guise d’atout de taille, le dessin a été confié à Antonello Dalena, l’un des membres de l’équipe transalpine de Canepa/Barbucci (Sky Doll, Monster allergy). Ses courbes « disneyennes », cartoons et mangaïsées, fluides et débridées, contribuent fortement à édulcorer un propos sensible, sans jamais tomber dans la guimauve. Une jolie surprise, pleine de peps !