L'histoire :
Insatiable voyageur, Jonathan se trouve dans une bourgade du nord de la Birmanie, coincé par une panne d'autobus, à deux jours de l'expiration de son visa. Intrigué par la présence d'une jeune femme au balcon de la chambre qu'il a loué, il fait connaissance d'Atsuko. Cette séduisante japonaise tenait absolument à venir dans cette chambre particulière, où était née sa mère 50 ans plus tôt. En développant son histoire, Atsuko apprend à Jonathan qu'elle s'est lancée sur les traces de sa grand-tante Hisa, qui a jadis séjourné dans la région, alors qu'elle enquêtait sur le déplacement de reliques religieuses. Jonathan et Atsuko se lient alors d'amitié. Aussi, lorsque le propriétaire de la pension déniche dans ses archives un cahier d'Hisa, Jonathan se fait il un plaisir d'aller jusqu'au Japon pour lui rapporter. Son périple le mène jusqu'à Takayama, un village haut perché dans les montagnes enneigées du côté de Nagoya. Entre temps, il en a appris plus long sur la mystérieuse Hisa, disparue dans un tremblement de terre la veille de son mariage, en 1947. En raison des importantes chutes de neige, Jonathan doit parcourir à pied les derniers kilomètres qui le séparent d'Atsuko. Chemin faisant, on lui conseille de prendre garde aux renards... Effectivement, Jonathan entend de curieux hululements et aperçoit une forme humaine qui se cache, mais qui n'a rien d'un renard...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un tome 14 de Jonathan introspectif et intime, aux intentions nébuleuses, Bernard Cosey revient aux fondamentaux de sa série, avec une véritable intrigue. Une grande part de sa narration, toujours d'une subtile lenteur, demeure toutefois réservée à la contemplation et tant mieux : c'est vraiment ainsi qu'on aime Jonathan. Notre héros expatrié et hors du temps fait donc une nouvelle rencontre, pour laquelle il se dévoue entièrement : celle-ci le mène au Japon, un pays qu'il n'avait pas encore exploré. En compagnie de la japonaise Atsuko, il y éclaircit le double mystère de la grand-tante Hisa disparue et du dangereux rôdeur des montagnes. Ce faisant, Cosey convoque quelques icônes de la culture nippone (origamis, haïkus, kamis et.. mangas !) et renoue dans le même temps avec les thématiques qui forgent son oeuvre : les vastes espaces enneigés et désolés, la quête identitaire, le dévouement envers son prochain... et bien entendu, les amours platoniques ! Son dessin, inscrit dans un découpage savant et une colorisation minimaliste, baignée de teintes ocres, qui forgent sa griffe, demeure d'une limpidité à toute épreuve. Cosey s'est fait une spécialité du trait juste et mesuré, qui confère à ses albums un sentiment de plénitude et d'harmonie. Cette belle histoire complète contentera pleinement les fans de la première heure.