L'histoire :
La saveur du songrong : Dans la nuit, deux détenus parviennent à dévisser la dernière latte du plancher de leur prison lacustre, située sur le Kokonor Lake (nord du Tibet). L'un des deux est Tulku Lingpa 11, une sorte de divinité humaine emprisonnée depuis plus de trente ans, car reconnu depuis l'âge de 3 ans comme la onzième réincarnation de Lingpa, le grand yogin tantrique. Les deux hommes sautent à l'eau. Or le bruit de leur plongeon attire l'attention de leurs geôliers chinois. L'un d'entre eux mitraille à l'aveuglette la surface du lac. Un seul évadé parviendra à rejoindre la rive. Avec l'aide d'une tribu nomade – et mille précautions – il rejoindra la frontière sud, où il croisera le chemin de Jonathan...
Elle (ou dix mille lucioles) : Désormais en Birmanie, Jonathan poursuit l'écriture de son journal, sorte de carnet de voyage dans lequel il consigne ses rencontres et ses impressions, face à la variété des traditions culturelles partagées. Il attend notamment que son compagnon de voyage britannique Manfred, de la Croix Rouge Internationale, se remette de sa crise de Malaria. Il garde alors ses affaires et son précieux ordinateur portable, les tenant à distance des autorités birmanes, toujours inquiètes de voir un étranger se fixer plusieurs semaines en un même lieu. Il a alors le sentiment ténu qu'une rencontre avec « Elle » va avoir lieu. Mais qui est « Elle » ? En attendant ce moment, il suit l'initiation au bouddhisme que lui profère son ami le moine U Kyi...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la différence des 4 précédentes intégrales de Jonathan, ce 5e et dernier recueil ne contient que 2 albums (les 2 derniers de la série... à ce jour). Pour compenser, l'annexe documentaire en préambule, rédigée par l'écrivaine Claude B. Levenson (spécialiste du Tibet), s'épaissit considérablement (64 pages !). Ce dossier introductif très complet revient sur les contextes géopolitiques, ainsi que sur les intentions et l'état d'esprit de Cosey au moment de la conception de ces deux albums. Il s'agrémente une nouvelle fois de photos, de superbes esquisses d'études, aux crayons ou à l'aquarelle, fournis par l'artiste helvète. Levenson souligne notamment l'implication politique, désormais nécessaire, du héros Jonathan, de plus en plus alter ego de Cosey. Les intrigues à proprement parler ne semblent d'ailleurs plus qu'accessoires, et tournent définitivement au carnet de voyages illustré. Les deux aventures en questions sont alors une nouvelle fois inspirées par les voyages de l'auteur : la traversée du Kham (sud-est du Tibet) puis la Birmanie. Jonathan y extrait du joug chinois, un important parchemin pour la culture tibétaine ; puis le temps d'une rencontre troublante, il permet à la rébellion birmane de communiquer avec l'occident. Avec une retenue et une sagesse toutes tibétaines, Cosey en profite pour délivrer sa philosophie, sa lecture ethnique et politique (au sens noble) de la civilisation humaine. L'intériorisation inhérente à la démarche, ainsi que le peu d'action, limitent néanmoins ces derniers albums à une catégorie de lecteurs matures et adeptes d'une ouverture culturelle et spirituelle, bien loin des « p'tits mickeys »...
