L'histoire :
La rouille. La légende veut qu'elle soit venue du noyau de la terre, là où il y a du fer à profusion. La contagion a pris tout le monde de court. La rouille a rongé les ponts, les moteurs, les ordinateurs... rendant friable comme du vieux papier tous les métaux. L’anarchie a gagné la population. Les villes se sont écroulées sous le poids de leur démographie. Les magasins ont été mis à sac par une foule affamée. Les campagnes ont été le lieu d’un exode massif où l’on s’est battu pour un lopin de terre. Certains ont choisi de se mettre en bande et de piller, d’autres de monnayer leur protection contre les premiers. La bactérie n’a pas seulement affecté nos structures mais aussi modifié le fer présent dans le sang, créant des désordres génétiques dans la population…. Le décor est planté. Le convoyeur est attendu par Monsieur Cendre. Mais il y eut un problème sur le chemin : le sac qu’il devait convoyer lui a été dérobé par deux bandits qui l’ont aveuglé. Monsieur Cendre entre dans une colère noire et propose au convoyeur de se racheter : il devra se rendre chez le Duc d’Arcasso et de lui rapporter la tête de son jeune fils. Le Convoyeur devra répéter les mots suivants : « Quand Monsieur Cendre demande une rançon, on écoute et on paie… »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir revisité brillamment le western en compagnie de Pierre Dubois et redonné un nouveau souffle à la saga Bob Morane, Dimitri Armand revient au récit d'anticipation, de façon magistrale, avec ce Convoyeur. Au cœur de ce nouvel album, on retrouve un personnage secret aux paroles mesurées mais tranchantes comme une lame de machette. Cet homme secret qui ressemble à s'y méprendre au pistolero sans nom incarné par Clint Eastwood dans la Trilogie du Dollar, ne se perd jamais dans les atermoiements et frappe toujours juste. Les mots de Tristan Roulot posent un contexte anxiogène avec cette rouille qui a détruit la technologie et les infrastructures de l'humanité, mais a aussi modifié les humains, créant des freaks (la nymphe en première ligne, sorte de mante religieuse fatale) rappelant ceux imaginés par Tod Browning, dans le film éponyme. L'atmosphère de ce monde déshumanisé, digne de Walking Dead, développée par le scénariste, est merveilleusement bien accompagnée par le dessin de Dimitri Armand, puissant de bout en bout grâce à un trait maîtrisé et des couleurs riches en contraste. A la fin de la lecture des questions restent en suspens, augurant une suite attendue avec une impatience folle.